Coming Apart, by Charles Murray

Coming Apart: The State of White America, 1960-2010

Charles Murray (2012)

Chapter 2 – The Foundations of the New Upper Class

The Enabler: Wealth

Coming Apart p. 049

The poor didn’t actually get poorer – the growth of in-kind benefits and earned-income tax credits more than made up the drop in pretax cash income – but they didn’t improve their position much either. 5

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L’Etat providence : une illustration de la loi des conséquences inattendues

Comme on le sait, l’Etat providence a pour objectif de promouvoir ce qu’on appelle la justice sociale, et ceci, par le biais de la taxation et des impôts. Bien que moralement louable, la mission a bien peu de chance d’atteindre son but dans la mesure où la doctrine de “l’égalité des chances” présuppose l’égalité biologique entre individus qui, elle, ne saurait exister.

D’un point de vue évolutionniste, il est facile de comprendre pourquoi (Kanazawa & Savage, 2009). Mais c’est un outil que les économistes en général n’intègrent pas dans leurs analyses, ce pourquoi ils échouent à expliquer de nombreux phénomènes et se voient contraints à invoquer des explications ad hoc.

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Obsolescence programmée : un mythe programmé sur Arte

Tout récemment, un débat sur France Culture a eu lieu en ce qui concerne l’obsolescence programmée, opposant Alexandre Delaigue face à Serge Latouche. Ici, le podcast. Il fait suite à la tribune d’Econoclaste sur l’obsolescence programmée un an plus tôt.

Le mythe de l’obsolescence programmée. Alexandre Delaigue, mardi 8 mars 2011, 19:19.

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Reaganisme et Thatchérisme : entre légende et réalité

On raconte souvent que Reagan et Thatcher ont été les chantres de l’ultra-libéralisme. Dévots du capitalisme satanique, ils ont baissé les impôts, opéré des vagues de privatisations et déréglementations, déclenché des émeutes, etc. Toutes ces histoires sont largement exagérées, et si cette vérité ne date pas d’aujourd’hui, un petit rappel à l’ordre est toujours utile, tant le mythe perdure, encore et toujours.
C’est dire que le marché a bon dos.
Lorsque Reagan est entré en fonction en 1981, les objectifs affichés étaient les suivants : réduire le niveau de taxation pour tous les niveaux de revenu, réduire la taille du gouvernement et réduire la réglementation du secteur privé. Reagan a échoué sur tous les plans.

The Myths of Reaganomics

Si la taille du gouvernement a été réellement réduite, les dépenses publiques devraient être revues à la baisse. En 1980, le gouvernement Carter a dépensé 591 milliards de dollars. En 1986, le gouvernement Reagan a enregistré 990 milliards de dollars, soit une hausse 68%. En 1980, les dépenses fédérales représentaient pour 21,6% du PNB. En 1986, les dépenses s’élevaient à 24,3% du PNB.
S’il est vrai que le taux d’imposition pour les revenus élevés a subi une ‘coupe’, l’impôt a augmenté pour la classe moyenne, plutôt que diminué. La baisse des taux d’imposition a été plus que compensée par deux formes de hausse d’impôt. La première est le “bracket creep”. Qu’est-ce que le bracket creep ? Tout simplement, une situation où l’inflation pousse le revenu dans les tranches d’imposition plus élevées. La conséquence évidente est une augmentation des impôts sur le revenu. La deuxième est l’augmentation continue de l’impôt de Sécurité Sociale.

Since the tax cut of 1981 that was not really a cut, furthermore, taxes have gone up every single year since, with the approval of the Reagan administration. But to save the president’s rhetorical sensibilities, they weren’t called tax increases. Instead, ingenious labels were attached to them: raising of “fees,” “plugging loopholes” (and surely everyone wants loopholes plugged), “tightening IRS enforcement,” and even “revenue enhancements.”

Selon une étude du National Bureau menée par Hausman et Poterba sur la Tax Reform Act de 1986, plus de 40% des contribuables ont souffert des hausses du taux marginal d’imposition (ou des taux tout aussi élevés que sous le régime fiscal antérieur), et parmi ceux qui bénéficiaient d’une réduction d’impôt marginal, seulement 11% ont obtenu des réductions de 10% (ou plus). Les auteurs ajoutent que le TRA de 1986 tend à réduire (même légèrement) l’épargne grâce aux taxes sur les plus-values, notamment. La TRA n’a pas amélioré le sort des plus démunis.

Un détail qui a son importance, les recettes fiscales. Celles-ci s’élevaient à 517 milliards de dollars en 1980, sous Carter. En 1986, les recettes ont plafonné à 769 milliards de dollars, soit une augmentation de 49%. La réalité est que l’impôt dans son ensemble n’a que légèrement diminué :

Taxes fell from 18.9% of the GNP to 18.3%, or for a better gauge, taxes as percentage of net private product fell from 27.2% to 26.6%.

Et si les “user fee” (frais d’utilisation) ne sont pas considérés comme des impôts, mais un droit d’utiliser un service public, comme les parcs et les voies navigables, Reagan a élargi la définition du “user fee” pour y inclure les droits d’accise. Les “user fee” ont ensuite pris pour cible les compagnies aériennes internationales, les tarversées maritimes, les producteurs de charbon, l’essence et l’autobus. Et dans le sillage de l’effondrement du marché boursier, à l’époque, Reagan a affirmé qu’il était prêt à examiner les propositions de hausses d’impôts.

To greet a looming recession with a tax increase is a wonderful way to bring that recession into reality.

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La Mondialisation n’est pas coupable – Paul Krugman

Prix Nobel d’économie 2008, récompensé pour ses travaux sur le commerce international, Paul Krugman démonte un à un les mythes encore couramment répandus aujourd’hui sur la mondialisation souvent accusée d’accroitre les inégalités et le chômage. De façon générale, les anti-mondialistes considèrent que l’économie est un jeu à somme nulle, où les uns perdent ce que les autres gagnent.

– Qu’est-ce que l’avantage comparatif ?
David Ricardo affirmait que si le climat de l’Angleterre en fait un meilleur producteur de tissu alors que le climat du Portugal en fait un meilleur producteur de vin, c’est un non-sens économique que ces deux pays cherchent à produire chacun du vin et du tissu. C’est un avantage comparatif. Les détracteurs reconnaitront que lorsque les américains sont plus productifs que les anglais dans tous les secteurs d’activité, le commerce mondial est rendu peu profitable à cause de l’avantage absolu des américains. Rien n’est plus faux. Il suffit aux anglais de se spécialiser dans les secteurs où le retard de productivité est le moins prononcé. La spécialisation permet d’accroitre la productivité, et donc le revenu réel. Si le commerce entre pays riches et pays pauvres résulte en un échange de produits de haute technologie (avions, microprocesseurs) contre des produits à fort coefficient de main d’œuvre (vêtements), alors les pays riches doivent former plus de cadres et de diplômés.

– L’immigration génère-t-elle du chômage et des inégalités ?
David Card faisait savoir qu’un pays qui verrait affluer beaucoup d’immigrés ferait face à un afflux de travailleurs et que, ce faisant, le capital par travailleur devient relativement rare. Autrement dit, la productivité par tête diminue. Si les salaires sont flexibles, les salaires chutent. Si les salaires sont rigides, le chômage augmente. Mais à long terme, ces baisses de salaires permettront aux entreprises d’investir davantage dans les facteurs de production manquants, rehaussant ainsi la productivité, et in fine, les salaires. Si le capital est mobile de sorte que le système économique puisse rendre disponible très rapidement le capital nécessaire pour mettre en valeur les facultés productives du nouvel arrivant, l’arrivée de l’immigrant n’ajoute rien au chômage (cf “Le chômage, fatalité ou nécessité ?” – Cahuc & Zylberberg).

– Faut-il craindre la concurrence des bas salaires venu des pays émergents ?
Lorsque les industries exportent des capitaux vers les pays émergents, ces derniers disposent de plus de capital par travailleur, lequel devient plus productif. Puisque les pays développés disposent d’un avantage absolu, le seul avantage comparatif sur lequel peuvent se reposer les pays émergents est le prix au rabais des produits exportés. Le capital exporté est du capital qui ne sera pas investi à l’intérieur, ce qui signifie que les salaires nominaux vont régresser. On peut penser que c’est un problème, puisque la concurrence se faisant sur le travail peu qualifié, les inégalités entre ouvriers et cadres vont s’accroitrent. Krugman montre que les chiffres (de 1970-1990) révèlent tout autre chose : l’effet de la mondialisation sur ces inégalités est largement insignifiant. En outre, celui-ci explique qu’il est futile de faire une fixette sur le salaire d’un secteur en particulier tout en occultant le reste. Pourquoi un coiffeur américain est-il mieux payé qu’un coiffeur en Chine, alors qu’ils ont la même productivité ? Tout simplement parce que le revenu réel est très largement déterminé par la productivité globale. Ainsi, lorsque la Chine rejoindra les USA en terme de développement, le revenu réel des chinois rejoindra celui des américains. Si la mondialisation permet d’accroitre la productivité mondiale, tout le monde en ressort gagnant.

– Qu’est-ce qui explique la désindustrialisation des pays développés ?
L’essentiel de la désindustrialisation s’explique par le changement dans la composition de la consommation intérieure qui a évolué au détriment des biens manufacturés.

En 1970, les personnes résidant aux États-Unis affectaient 46% de leurs dépenses dans l’achat de biens (manufacturés, agricoles ou miniers), le reste (54%) étant dépensé en services ou en bâtiment et travaux publics. En 1991, ces chiffres étaient respectivement de 40,7% et 59,3%, les gens dépensant plus en services de santé, en voyages, en loisirs, en honoraires d’avocats, en restauration rapide etc.

Le progrès technique augmente la productivité des biens industriels, mais puisque la consommation de ces biens est inélastique, le progrès technique s’accompagne indéniablement d’un déclin des emplois industriels au profit des secteurs de service : c’est le phénomène du déversement. Krugman rappelle aussi que l’effet des délocalisations sur le processus de désindustrialisation est très infime. Au pire, il ne fait qu’accélérer un tout petit peu ce processus de toute évidence inévitable.

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Privatisation des chemins de fer britanniques : un mythe

17 octobre 2000 : accident ferroviaire sur Hatfield. Bilan : 4 morts 70 blessés. Cause : rail fendu.

Quel est le responsable ? Pour la presse grand public, c’est le profit. Soit la privatisation. La raison ? Le sous-investissement.

En vérité, il n’y a qu’une seule façon pour un monopole d’exploiter le consommateur soit par une hausse des prix soit par une mauvaise qualité du service : il faut que le bien en question n’est pas élastique. Les chemins de fer sont quand même concurrencés par les autres modes de transport, la voiture par exemple.

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De l’histoire des caisses d’assurance privées

En 1850, Bastiat écrivait “Les Harmonies Économiques”.
Dans le chapitre XIV, “des salaires”, on y trouve un passage intéressant sur l’apparition des sociétés de secours mutuels.
Les salariés travaillent et gagnent leur pain, mais en raison des aléas de la vie, les individus ne sont pas forcément plus sereins pour autant.
Les sociétés de secours mutuels seraient donc apparues par besoin d’atténuer les sentiments d’incertitude.

Voici comment Bastiat imaginait le fonctionnement de ces sociétés :

De là les sociétés de secours mutuels, institution admirable, née des entrailles de l’humanité longtemps avant le nom même de Socialisme. Il serait difficile de dire quel est l’inventeur de cette combinaison. Je crois que le véritable inventeur c’est le besoin, c’est cette aspiration des hommes vers la fixité, c’est cet instinct toujours inquiet, toujours agissant, qui nous porte à combler les lacunes que l’humanité rencontre dans sa marche vers la stabilité des conditions.

Toujours est-il que j’ai vu surgir spontanément des sociétés de secours mutuels, il y a plus de vingt-cinq ans, parmi les ouvriers et les artisans les plus dénués, dans les villages les plus pauvres du département des Landes.

Le but de ces sociétés est évidemment un nivellement général de satisfaction, une répartition sur toutes les époques de la vie des salaires gagnés dans les bons jours. Dans toutes les localités où elles existent, elles ont fait un bien immense. Les associés s’y sentent soutenus par le sentiment de la sécurité, un des plus précieux et des plus consolants qui puissent accompagner l’homme dans son pèlerinage ici-bas. De plus, ils sentent tous leur dépendance réciproque, l’utilité dont ils sont les uns pour les autres; ils comprennent à quel point le bien et le mal de chaque individu ou de chaque profession deviennent le bien et le mal communs; ils se rallient autour de quelques cérémonies religieuses prévues par leurs statuts; enfin ils sont appelés à exercer les uns sur les autres cette surveillance vigilante, si propre à inspirer le respect de soi-même en même temps que le sentiment de la dignité humaine, ce premier et difficile échelon de toute civilisation.

Ce qui a fait jusqu’ici le succès de ces sociétés, — succès lent à la vérité comme tout ce qui concerne les masses, — c’est la liberté, et cela s’explique.

Leur écueil naturel est dans le déplacement de la Responsabilité. Ce n’est jamais sans créer pour l’avenir de grands dangers et de grandes difficultés qu’on soustrait l’individu aux conséquences de ses propres actes [5]. Le jour où tous les citoyens diraient: « Nous nous cotisons pour venir en aide à ceux qui ne peuvent travailler ou ne trouvent pas d’ouvrage, » il serait à craindre qu’on ne vît se développer, à un point dangereux, le penchant naturel de l’homme vers l’inertie, et que bientôt les laborieux ne fussent réduits à être les dupes des paresseux. Les secours mutuels impliquent donc une mutuelle surveillance, sans laquelle le fonds des secours serait bientôt épuisé. Cette surveillance réciproque, qui est pour l’association une garantie d’existence, pour chaque associé une certitude qu’il ne joue pas le rôle de dupe, fait en outre la vraie moralité de l’institution. Grâce à elle, on voit disparaître peu à peu l’ivrognerie et la débauche, car quel droit aurait au secours de la caisse commune un homme à qui l’on pourrait prouver qu’il s’est volontairement attiré la maladie et le chômage, par sa faute et par suite d’habitudes vicieuses ? C’est cette surveillance qui rétablit la Responsabilité, dont l’association, par elle-même, tendait à affaiblir le ressort.

Or, pour que cette surveillance ait lieu et porte ses fruits, il faut que les sociétés de secours soient libres, circonscrites, maîtresses de leurs statuts comme de leurs fonds. Il faut qu’elles puissent faire plier leurs règlements aux exigences de chaque localité.

Supposez que le gouvernement intervienne. Il est aisé de deviner le rôle qu’il s’attribuera. Son premier soin sera de s’emparer de toutes ces caisses sous prétexte de les centraliser; et, pour colorer cette entreprise, il promettra de les grossir avec des ressources prises sur le contribuable [6]. « Car, dira-t-il, n’est-il pas bien naturel et bien juste que l’État contribue à une œuvre si grande, si généreuse, si philanthropique, si humanitaire ? » Première injustice: Faire entrer de force dans la société, et par le côté des cotisations, des citoyens qui ne doivent pas concourir aux répartitions de secours. Ensuite, sous prétexte d’unité, de solidarité (que sais-je ?), il s’avisera de fondre toutes les associations en une seule soumise a un règlement uniforme.

Mais, je le demande, que sera devenue la moralité de l’institution quand sa caisse sera alimentée par l’impôt; quand nul, si ce n’est quelque bureaucrate, n’aura intérêt à défendre le fonds commun; quand chacun, au lieu de se faire un devoir de prévenir les abus, se fera un plaisir de les favoriser; quand aura cessé toute surveillance mutuelle, et que feindre une maladie ce ne sera autre chose que jouer un bon tour au gouvernement ? Le gouvernement, il faut lui rendre cette justice, est enclin à se défendre; mais, ne pouvant plus compter sur l’action privée, il faudra bien qu’il y substitue l’action officielle. Il nommera des vérificateurs, des contrôleurs, des inspecteurs. On verra des formalités sans nombre s’interposer entre le besoin et le secours. Bref, une admirable institution sera, dès sa naissance, transformée en une branche de police.

L’État n’apercevra d’abord que l’avantage d’augmenter la tourbe de ses créatures, de multiplier le nombre des places à donner, d’étendre son patronage et son influence électorale. Il ne remarquera pas qu’en s’arrogeant une nouvelle attribution, il vient d’assumer sur lui une responsabilité nouvelle, et, j’ose le dire, une responsabilité effrayante. Car bientôt qu’arrivera-t-il ? Les ouvriers ne verront plus dans la caisse commune une propriété qu’ils administrent, qu’ils alimentent, et dont les limites bornent leurs droits. Peu à peu, ils s’accoutumeront à regarder le secours en cas de maladie ou de chômage, non comme provenant d’un fonds limité préparé par leur propre prévoyance, mais comme une dette de la Société. Ils n’admettront pas pour elle l’impossibilité de payer, et ne seront jamais contents des répartitions. L’État se verra contraint de demander sans cesse des subventions au budget. Là, rencontrant l’opposition des commissions de finances, il se trouvera engagé dans des difficultés inextricables. Les abus iront toujours croissant, et on en reculera le redressement d’année en année, comme c’est l’usage, jusqu’à ce que vienne le jour d’une explosion. Mais alors on s’apercevra qu’on est réduit à compter avec une population qui ne sait plus agir par elle-même, qui attend tout d’un ministre ou d’un préfet même la subsistance, et dont les idées sont perverties au point d’avoir perdu jusqu’à la notion du Droit, de la Propriété, de la Liberté et de la Justice.

Telles sont quelques-unes des raisons qui m’ont alarmé, je l’avoue, quand j’ai vu qu’une commission de l’assemblée législative était chargée de préparer un projet de loi sur les sociétés de secours mutuels. J’ai cru que l’heure de la destruction avait sonné pour elles, et je m’en affligeais d’autant plus qu’à mes yeux un grand avenir les attend, pourvu qu’on leur conserve l’air fortifiant de la liberté. Eh quoi ! Est-il donc si difficile de laisser les hommes essayer, tâtonner, choisir, se tromper, se rectifier, apprendre, se concerter, gouverner leurs propriétés et leurs intérêts, agir pour eux-mêmes, à leurs périls et risques, sous leur propre responsabilité; et ne voit-on pas que c’est ce qui les fait hommes ? Partira-t-on toujours de cette fatale hypothèse, que tous les gouvernants sont des tuteurs et tous les gouvernés des pupilles ?

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