Dans la connaissance populaire que nous avons, Enron fait l’objet de deux accusations : la crise californienne et la manipulation comptable qui a conduit à sa faillite. La sagesse populaire fait d’Enron (et du capitalisme) le vilain coupable. Il y a cependant de sombres nuages qui planent sur ces accusations.
Sur la crise californienne, ça va être rapide. Les prix de gros ont explosé alors que les prix de détails ont été plafonnés par l’État. Les distributeurs, acculés, ont ainsi arrêté de produire. C’est comme cela qu’est survenue la pénurie d’électricité en Californie.
La hausse des prix de gros, quant à elle, peut être attribuée à :
-la sécheresse qui s’est abattue dans les états du nord-ouest en été 2000, réduisant finalement l’importation d’électricité.
-la dépendance des centrales électriques à gaz qui, elles seules, ont été autorisées à être construites alors que le prix du gaz naturel a flambé, suite à un hiver exceptionnellement froid en 2000.
-l’interdiction des contrats à terme qui a rendu les distributeurs extrêmement dépendants d’un marché au comptant très volatile.
-le refus d’implantation de centrales supplémentaires par les élus municipaux du fait d’une politique de protection drastique de l’environnement.
-l’augmentation du prix des “permis de polluer”.
Lire l’étude de Raphaël hadas-lebel :
“La crise californienne : du bon usage de la dérégulation du marché de l’électricité”
Où l’on y apprend qu’il n’existe aucune preuve manifeste de manipulation de prix. The California Electricity Crisis: Causes and Policy Options raconte la même histoire.
On en arrive maintenant au coeur du sujet : la fraude comptable. Le problème est éminemment complexe. Les principaux responsables désignés sont : le conflit d’intérêt des agences de notations, celui des cabinets d’audit et la défaillance de la gouvernance d’entreprise.