Erectus Walks Amongst Us – Richard D. Fuerle [Section 1]

Disponible en pdf. Lire le glossaire et les abréviations avant de lire ce qui suit.

Chapitre 1 – A Story of the Origin of Humans

L’histoire de l’origine des humains commence il y a environ 60 millions d’années dans les tropiques d’Asie du Sud-Est. Les premiers primates (“prosimiens”) jacassent dans les arbres, à l’abri de la plupart des prédateurs. Certains prosimiens s’accrochent verticalement aux arbres et ont une posture verticale. Ils se soutiennent et grimpent avec leurs solides pattes arrières et utilisent leurs pattes avant pour saisir des branches et des aliments.
Certains primates deviennent plus grands, et cela rend plus difficile de marcher sur le dessus des branches, alors ils commencent à se déplacer en s’accrochant aux branches avec leurs pieds et leurs bras, puis juste avec leurs bras; ils sont “brachiateurs”. Les bras deviennent plus longs puisque ceux avec de plus longs bras peuvent se déplacer plus efficacement avec de plus grands balancements, tout comme de plus longues jambes permettent de marcher plus aisément.
La queue n’est plus nécessaire pour l’équilibre et elle devient un gaspillage de ressources pour l’organisme, de sorte que les brachiateurs qui ont une queue plus courte ont désormais un avantage, alors les queues diminuent de taille jusqu’à complète disparition.

Parce que les brachiateurs sans queue sont moins mobiles dans les arbres et trop lourds pour atteindre les fruits à l’extrémité des petites branches, ils passent plus de temps sur la terre ferme, où leur taille élimine la menace des petits prédateurs et leur permet de manger des aliments, comme les tubercules souterrains, indisponibles à leurs prédécesseurs arboricoles. Ils n’ont pas développé l’anatomie nécessaire pour marcher aisément sur deux pieds, et donc ils marchaient courbés, supportés par les paumes en Eurasie (palm-walking), et par les articulations en Afrique (knuckle-walking). L’environnement sur la terre ferme est plus complexe, ce qui donne un avantage de survie à ceux qui sont plus intelligents et ont un cerveau plus volumineux. Cela fait 25 millions d’années et les brachiateurs sans queue sont devenus des singes.

Certains singes eurasiens vivent dans des zones marécageuses, près des lacs ou de la mer, ou dans les forêts près des rivières, là où ils se nourrissent de plantes et d’animaux aquatiques. Quand ils sont dans l’eau, ils marchent sur les deux pieds (“bipédisme”). Au fil du temps, ils deviennent de plus en plus (anatomiquement) adaptés à la bipédie et ils vont s’aventurer plus loin, et s’éloigner des lieux sûrs que sont les eaux peu profondes et la vie à proximité des arbres.
Ce fut le premier “pas de géant pour l’humanité” car la bipédie était l’adaptation la plus importante dans l’évolution de l’homme; l’homme est le seul mammifère bipède habituel. Cela fait environ 10 millions d’années et les singes bipèdes sont arrivés.

Les singes bipèdes eurasiens suivent la fructification des arbres et des buissons mais aussi les troupeaux d’animaux dont se nourrissent les prédateurs, pour récupérer les restes. Marcher sur les deux pieds leur permet de voyager plus loin, plus vite, et avec moins d’énergie que les singes quadrupèdes. Des jambes plus longues utilisent moins d’énergie, et la longueur des jambes a augmenté il y a environ 2 millions d’années. Leurs mains sont libres pour porter la nourriture et des roches, des bâtons pour les armes.
Se tenir debout expose moins de surface au soleil, ce qui permet un meilleur rafraîchissement et leur permet de fouiller plus longtemps; par rapport à la marche sur quatre pattes, tenir debout expose seulement 40% du corps à la lumière directe du soleil et réduit l’exposition à la chaleur irradiée du sol, mais surtout, prévient le cerveau contre la surchauffe (Wheeler, Stand tall and stay cool, New Scientist 12 may 1988, page 62-65). Et en se tenant debout, ils pouvaient mieux repérer les prédateurs.

Les armes et outils s’améliorent, car ils peuvent désormais être emportés, et portés sur soi, au lieu d’être fabriqués uniquement quand c’est nécessaire, puis de les jeter. Un plus grand cerveau leur a permis de planifier de meilleures stratégies de chasse, obtenant ainsi plus de viande pour alimenter un cerveau encore plus gros, et ainsi de suite, créant une boucle de rétroaction.
Puisque les singes bipèdes se déplacent tellement sur la terre ferme, ils sont constamment dans des environnements différents. Ils doivent se rappeler où aller, quand il faut y aller, et quels dangers et sources de nourriture à aller chercher dans chacun des nombreux endroits différents qu’ils visitent. Un plus gros cerveau, en dépit de ses besoins élevés en énergie et de son poids supplémentaire, mérite son coût élevé.
Se déplacer sur deux pieds signifie qu’une mère peut tenir son bébé avec une main et recueillir de la nourriture avec l’autre main, alors qu’elle le nourrit. Cet acte simple de porter le bébé avec un bras peut avoir profondément affecté le cerveau de l’homme. Car le ventricule gauche du cœur fabrique le son le plus fort et que les bébés sont plus calmes quand ils entendent les battements de cœur qu’ils ont entendu dans l’utérus, la plupart des femmes (même aujourd’hui encore) portent leurs bébés sur le côté gauche (Calvin, 1991; “The Throwing Madonna”). Les femmes, comme les hommes, ont utilisé leur bras droit “libre” pour jeter des pierres sur des proies et des prédateurs et ces femmes, dont le côté gauche du cerveau (qui contrôle le bras droit) était plus habile pour effectuer des jets précis, avaient un avantage. Ainsi, l’homme est devenu majoritairement droitier et son cerveau est devenu plus asymétrique, ce qui fait que le cerveau est plus spécialisé et sophistiqué. Les humains sont les seuls primates à être principalement droitiers.

Le fait de marcher utilise moins d’énergie si les jambes sont rapprochées, et les femmes ayant un canal étroit de naissance (et donc des jambes plus rapprochées) survivent mieux. Mais un canal étroit de naissance signifie que les bébés doivent naître “moins avancés” afin que leur cerveau et leur crâne puissent s’adapter à un canal étroit pendant l’accouchement; comme cela a été vu ici, le pelvis des femmes noires est plus étroit que le pelvis des femmes blanches. La croissance du cerveau est retardée et il a sa plus forte croissance après la naissance [8]. Alors que cela résout un problème, il crée de nouveaux problèmes, car maintenant le bébé moins développé nécessite plus de soins pour survivre.

Le nombre de singes bipèdes s’accroît rapidement, et comme ses prédécesseurs, il migre lui aussi en Afrique, où il conduit tous les autres grands singes vers l’extinction, sauf le chimpanzé et le gorille, qui se sont retirés dans des territoires plus isolés et moins désirables. Cela fait environ 4 millions d’années; le singe bipède est devenu Australopithecus, le dernier singe bipède.

Alors que l’australopithèque s’est aventuré dans les subtropiques, l’homme pouvait aller plus au nord, dans un climat saisonnier et plus froid. Si les australopithèques étaient restés dans les tropiques, il n’existerait aujourd’hui aucun homme, Homo. Mais lorsque les tropiques étaient remplis, certains australopithèques, les perdants de la compétition pour les meilleurs territoires, ont été poussés dans les territoires moins désirés, l’un d’eux fut le froid du nord.
Un climat saisonnier est cognitivement plus difficile à vivre qu’un climat tropical. Dans les tropiques, différents types d’aliments végétaux sont disponibles toute l’année, mais dans un climat plus saisonnier, les plantes commencent à limiter leurs parties comestibles uniquement aux saisons chaudes, ce qui limite également la biomasse des animaux qui les mangent. C’est pourquoi, plus de compétence et d’intelligence étaient requises dans le nord que dans les tropiques. Bien que certaines espèces d’australopithèques furent partiellement adaptées à un climat plus frais, elles ne pouvaient pas aller aussi loin au nord que l’homme, et l’hibernation n’était pas une solution. Même si l’homme avait évolué pour hiberner, il ne pourrait pas lutter contre les puissants ours des cavernes, et il mourrait de toute façon d’hypothermie.
Le climat saisonnier sélectionnait fortement en faveur d’une plus grande intelligence, nécessaire pour survivre dans cet environnement. Les personnes qui l’avaient ont survécu et ont transmis leurs gènes particuliers à leurs enfants.

Il y a environ 2 ½ mya, la combinaison d’une marche bipède efficace, du libre usage des mains, et d’une plus grande intelligence avait rapporté un grand moment, et le singe est devenu homme. Aux alentours de 2 millions d’années, un changement dramatique a commencé chez ces australopithèques (plus) nordiques – leur cerveau s’est considérablement élargi, et très certainement leur intelligence aussi. Ce fut la naissance du genre Homo, les premiers hommes.

Pour les premiers hommes, luttant pour survivre à mesure que les différences saisonnières sont devenues toujours plus sévères avec chaque extension vers le nord; leur plus grand cerveau et leur plus grande intelligence furent la clé pour passer à une mentalité complètement différente. L’impulsivité et la gratification immédiate étaient négativement sélectionnées; la planification et la gratification future ont été positivement sélectionnées.

La relation entre les sexes a également changé. Dans le nord, où la chasse était une source plus importante de nourriture, les femmes ne pouvaient plus rassembler les provisions nécessaires pour subvenir à leurs besoins et nourrir leurs enfants tout au long de l’année. Sans un homme pour subvenir à leurs besoins, elles meurent, et leurs enfants avec [11]. Les hommes qui s’engagèrent avec une seule femme pour prendre soin d’elle, les “dads”, ont transmis leurs gènes pour la monogamie (pair-bonding), et donc, moins de “cads” ont réussi à transmettre leurs gènes pour la polygamie (philandering); lire chapitre 12.

Une espèce primitive de l’homme, l’Homo erectus, s’est répandue dans les régions chaudes d’Afrique, d’Europe et d’Asie, aussi loin au nord que son corps nu pouvait tolérer le froid, ce qui a conduit son prédécesseur, l’australopithèque, vers l’extinction. La taille du cerveau de l’erectus (par rapport à la masse corporelle) a augmenté, et il pouvait courir, contrairement à l’australopithèque. Quand il avait occupé tout le territoire qu’il pouvait, sa grande expansion s’est arrêtée.

Toute migration supplémentaire signifiait se déplacer dans un territoire déjà occupé par d’autres erectus, de les combattre et de les vaincre. Ce n’était pas une tâche aisée car le résident erectus connaissait la terre, les sources de nourriture, et les dangers, et il défendait farouchement sa patrie. Une invasion réussie nécessite une forte supériorité numérique, ou une technologie bien supérieure.
Dans des environnements largement séparés et différents, les erectus ont continué d’évoluer, chaque population devenant mieux adaptée à son environnement unique; l’erectus, comme l’australopithèque avant lui, devient une race distincte et génétiquement différente.

It is interesting, though, that chimps, gorillas, and orangutans have 48 chromosomes and humans have 46 chromosomes, due to the fusion of the two chromosomes into Chromosome 2 (Williams, 1999). […] The tarsier, an early primate, has 80 chromosomes, suggesting that as primates evolved, chromosomes fused.

Dans les zones nordiques de l’erectus asiatique, le climat était beaucoup plus froid, donc les personnes qui avaient des traits qui les rendaient plus aptes à endurer le froid ont survécu. Les autres meurent. En Europe et en Asie de l’Ouest, les premiers erectus ont finalement évolué en néandertaliens il y a environ 350 000 ans. En Asie de l’Est, les erectus adaptés au froid acquièrent le contrôle du feu, se déplacent encore plus au nord, et évoluent en Homo sapiens (Hs) il y a 200 000 ans. Des changements similaires sont survenus en Asie de l’Ouest, mais sans adaptations au froid. Pour la dernière étape avant de devenir moderne, les Hs ont encore amélioré leurs compétences et leur intelligence, pour s’étendre encore plus au nord. Il y a 150 000 ans, Hs est devenu Hss.

Chapitre 2 – Early Humans

Il est utile de garder à l’esprit que la classification des fossiles est arbitraire car les espèces changent progressivement et que la plupart des espèces vivent des dizaines de milliers d’années après que certains de leurs membres ont évolué en d’autres espèces. On ne peut pas non plus classer les fossiles humains dans un ordre qui trace leur évolution, en s’appuyant uniquement sur la capacité crânienne, car elle varie entre les individus et les sexes (les crânes mâles sont plus grands, et il n’est pas toujours possible de déterminer le sexe). Les endroits où les fossiles ont été trouvés ne sont pas la preuve directe qu’ils ont évolué là-bas.

Le premier membre connu du genre Homo est Homo habilis, il a été nommé ainsi parce que les outils de galets ont été trouvés avec ses restes. Habilis a vécu entre 2,5 et 1,8 millions d’années BP. Le crâne dans la figure 2-1 (ci-contre) a été trouvé en Tanzanie, en Afrique de l’Est. Le visage est primitif, mais la mâchoire est moins projetée vers l’avant que chez ses prédécesseurs simiesques, bien que ses bras étaient longs. Il n’y a aucun os du nez externe, les orbites sont grandes, et les dents sont considérablement plus grandes que chez l’homme moderne. Sa capacité crânienne varie entre 500 cc et 800 cc (avec une moyenne de 650 cc), ce qui est petit, considérant que habilis mesurait environ 127 cm de haut, et pesait environ 45 kg (100 lb). Des marques internes sur le crâne indiquent que son cerveau avait une forme humaine. Un renflement dans la zone utilisée pour le langage sur le côté gauche du cerveau (l’aire de Broca) suggère que habilis peut être capable de paroles rudimentaires. Il était aussi le premier hominidé à ajouter de la viande à son régime végétarien. Il descend probablement d’un singe bipède gracile, comme Australopithecus afarensis (ou africanus).

La Figure 2-2 montre, à gauche, un premier Homo erectus d’Afrique qui est aujourd’hui appelé Homo ergaster, et à droite, un dessin de ce à quoi il pouvait ressembler. Ergaster avait une capacité crânienne de 700 à 880 cc, il a vécu il y a 1,9 jusqu’à 0,6 millions d’années BP en Afrique, et il “pourrait” avoir utilisé le feu [5]. Des bifaces et des hachereaux ont été trouvés avec les fossiles, mais pendant un million d’années ses outils ne s’amélioraient pas. On ne peut pas certifier que l’ergaster soit né en Afrique car il ne semble pas avoir un ancêtre immédiat là-bas.
Un squelette ergaster presque complet (“Turkana Boy”) a été trouvé à Nariokotome, au Kenya. Il a vécu il y a environ 1,8 millions d’années. Quand il mourut, vers l’âge de 10 ans, il mesurait déjà 5 pieds de haut, et l’on dit qu’il aurait mesuré plus de 6 pieds à l’âge adulte. Contrairement aux précédents hominidés, il pouvait balancer les bras en marchant ou en courant.

Homo erectus, qui vivait majoritairement en Afrique, au Sud de l’Europe, au Moyen-Orient, au Sud-Est de l’Asie, au Japon, et même sur certaines îles du Pacifique, avait le feu et fabriquait systématiquement des outils. Ses premiers os sont vieux de (presque) 2 millions d’années, et il a disparu il y a 27 000 ans sur l’île indonésienne isolée de Java. Comme habilis, son visage est affublé d’une mâchoire proéminente avec de grosses molaires, des arcades sourcilières épaisses, une crâne long, bas, et épais, et il n’a pas de menton. Mais l’erectus était plus grand que ses prédécesseurs et avait un plus grand cerveau (750 – 1225 cc), de plus petites canines, une mâchoire plus petite et moins saillante, des bras plus courts, et un nez externe. Les premiers erectus avaient en moyenne 900 cc alors que les derniers erectus avaient en moyenne 1100 cc.

La Figure 2-5 (ci-contre) montre un premier erectus européen, vu de face et de profil, classé comme Homo georgicus. Les fossiles, âgés d’environ 1,8 millions d’années et consistent en trois crânes partiels et trois mâchoires inférieures, ont été trouvés à Dmanisi, en Géorgie. Georgicus (600 à 800 cc) a des similitudes avec les types habilis, ergaster, et erectus trouvés en Afrique, bien qu’il était un peu plus gracile. Sa hauteur, estimée à partir d’un os du pied, aurait été d’environ 1,5 mètre (4′ 11″), et son poids d’environ 50 kg (110 lbs), plus petit mais plus lourd que les spécimens africains précédents parce qu’il vivait dans un climat plus froid (règle de Bergmann). On remarquera les grandes dents (surtout les grandes canines, qui sont très primitives), le front fuyant, les arcades sourcilières épaisses, la mâchoire protubérante, l’absence d’un nez saillant, et le renflement (“chignon occipital”) à l’arrière de la tête. Georgicus peut avoir été un ancêtre des erectus africains et asiatiques, et un prédécesseur de georgicus peut avoir été un ancêtre des ergaster et habilis africains.

Homo antecessor (1000 à 1150 cc) a été trouvé à Atapuerca, au nord de l’Espagne, avec des outils; il est daté entre 780 000 à 857 000 ans BP. Les fossiles sont fragmentaires, mais semblable au Turkana Boy. Les os montrent des signes évidents de cannibalisme. Antecessor était robuste, avec un chignon occipital, un front bas, et pas de menton. Il mesurait entre 5 pieds et demi à 6 pieds de haut, et pesait environ 200 livres. La lignée antecessor n’est pas claire, mais il peut avoir été dans (ou une branche de) la lignée qui mène à l’homme d’Heidelberg et l’homme de Néandertal.

Homo heidelbergensis (“heidi”) : les scientifiques ont eu du mal classer de nombreux fossiles entre 800 000 et 200 000 ya, parce qu’ils n’étaient pas aussi primitifs que l’Homo erectus et qu’ils ne sont pas vraiment modernes non plus, même s’ils ont réussi à atteindre le nord de l’Angleterre il y a 700 000 ans. Le crâne de Heidi (1200 cc) est plus arrondi que celui de l’erectus, ses dents et son squelette moins robustes que l’erectus mais plus robustes que les humains modernes. Beaucoup ont encore les grandes arcades sourcilières, le front fuyant, et l’absence de menton.
La figure 2-6 (ci-contre) montre un crâne vieux de 450 000 ans trouvé dans la grotte Arago (France). Ce fut un jeune adulte mesurant 1,65 m (5′ 5″) de haut, avec une capacité crânienne de 1150 cc. On notera le front fuyant et les orbites rectangulaires. Heidi a de nombreuses caractéristiques similaires au néandertal (visage large, lourdes arcades sourcilières, mâchoire protubérante), qui suggèrent que les néandertaliens ont évolué à partir d’un Heidi européen qui pourrait avoir été un descendant de georgicus.

Le néandertalien (1450 cc) a vécu entre 350 000 et 24 500 ans BP, en Europe et au Moyen-Orient. Contrairement à Heidi, aucun fossile néandertalien n’a été trouvé en Afrique. Il vivait principalement dans le froid du nord; il a migré vers les basses latitudes (ex, Portugal, Israël…) seulement durant l’ère glaciaire. Les figures 2-7 et 2-8 montrent deux variantes.
Leur capacité crânienne semble plus grande que celui des humains modernes, mais si l’on mesure la taille du cerveau par rapport à la taille du corps, l’homme moderne a une plus grande capacité crânienne. Leur crâne est plus long et plus bas que celui des humains modernes, avec un chignon occipital. Comme l’erectus, les néandertaliens avaient un front fuyant et une mâchoire saillante. Le milieu du visage est également saillant, une caractéristique inexistante chez les erectus ou les sapiens; c’est une caractéristique qui pourrait être une adaptation au froid ou, plus probablement, une rétention partielle du prognathisme simien. Il y a encore une arcade sourcilière, mais sans interstice au milieu, ce qui leur donne une apparence de “sourcils broussailleux”, et un menton commence tout juste à apparaître.
Leur thorax en tonneau (règle de Bergmann), et leurs mains, doigts et pieds courts et trapus (règle d’Allen) étaient des adaptations au froid, et à cause du manque de soleil au nord, ils auraient eu la peau blanche et peuvent aussi avoir été poilus.
Les hommes mesuraient en moyenne 168 cm (5′ 6″). Leurs os étaient épais et lourds, et montrent des signes que de puissants muscles y étaient attachés, donc ils étaient extraordinairement forts. Les néandertaliens classiques ont été généralement plus robustes que ceux trouvés ailleurs. Un grand nombre d’outils et d’armes (plus avancés que ceux de l’erectus) ont été trouvés avec eux. Les ossements d’animaux suggèrent que les néandertaliens furent des chasseurs redoutables.

Primates that eat mostly vegetables are robust (e.g., the gorilla) and those that eat mostly meat are gracile, but that does not apply to Neanderthals. (Corballis, 1991, p. 306, 22,5 Mo)

L’homme archaïque (Hs) est apparu il y a environ 200 000 ans, et l’homme moderne (Hss) est apparu il y a environ 160 000 ans. la taille (moyenne) du cerveau des humains modernes est de 1350 cc. Son front a considérablement augmenté, les arcades sourcilières très petites (ou habituellement absentes), le menton est proéminent (avec une fente au milieu), les dents sont petites, le squelette est gracile (os légers). Même durant les derniers 100 000 ans, les tendances (à long terme) vers de plus petites molaires et une diminution de la robustesse peuvent être discernées. Comparés aux eurasiens modernes, les humains il y a environ 30 000 ans sont environ 20 à 30% plus robustes, et jusqu’à 10 000 ans BP ils étaient environ 10% plus robustes; les populations qui ont utilisé des techniques de transformation des aliments (ex, la cuisson) le plus longtemps ont les plus petites dents.

Les Cro-Magnons étaient les prédécesseurs immédiats des caucasiens modernes. Ils ont vécu en Europe entre 40 000 et 10 000 ans BP. Ils étaient légèrement plus robustes que les caucasiens modernes et, comme les néandertaliens, ils avaient des cerveaux plus grands (environ 4%) que les caucasiens modernes, bien que leurs crânes étaient plus épais et leurs arcades sourcilières plus lourdes. On soupçonne qu’il y a 12 000 ans la taille du cerveau a régressé depuis que nous sommes passés d’une économie de chasseur-cueilleur à une économie d’agriculture. Ce point sera détaillé ultérieurement.
Avec l’apparition de la culture des Cro-Magnons, les trousses d’outils ont commencé à devenir nettement plus sophistiquées. Une plus grande variété de matières premières, comme les os et les bois de cervidés, a été utilisée, et des outils spécialisés ont été fabriqués pour produire des vêtements, des gravures, et de la sculpture. Des œuvres d’art, sous la forme d’outils de décoration, perles, sculptures en ivoire d’humains et d’animaux, figurines d’argile, instruments de musique, et peintures rupestres spectaculaires, sont apparues.
La Figure 2-9 (ci-contre) montre un crâne de Cro-Magnon, totalement moderne, âgé de 30 000 ans, trouvé en France. Il possède certains traits modernes : une voûte crânienne arrondie et un front presque vertical. Pas d’arcades sourcilières, et pas de mâchoire protubérante. Les orbites sont légèrement inclinées et sont beaucoup plus aplaties que chez les autres crânes fossiles, sans doute une adaptation anatomique pour protéger les yeux du froid. Les orbites aplaties observées chez certains crânes nord-africains sont le résultat de croisements, lorsque les Cro-Magnons ont migré en Afrique pour échapper à l’ère glaciaire. Lire Section [3] et [4] pour plus de détails.

Chapitre 3 – DNA

Tous les humains ont 23 paires de chromosomes, ce qui donne un nombre total de 46 chromosomes. Un ensemble (“set”) de 23 chromosomes provient de la mère et l’autre set de 23 chromosomes provient du père. Chacun des 23 chromosomes du père est jumelé avec le chromosome correspondant de la mère. Chaque chromosome est constitué d’une longue chaîne de l’ADN entrelacée avec des protéines appelées “histones”. Les histones déroulent l’ADN pour qu’elle puisse être lue; les histones sont héritées avec les chromosomes.
L’ADN est une chaîne d’unités chimiques appelées “nucléotides”. Cela peut s’apparenter à un code informatique (…011000101…), mais au lieu d’utiliser uniquement des ‘uns’ et des ‘zéros’, chaque nucléotide utilise l’une des quatre différentes bases chimiques, qui sont connues par leurs premières lettres, A, C, G et T (…ATTGCATCCA…).
Un gène est une chaîne d’ADN qui code pour un polypeptide (qui est juste une chaîne d’acides aminés chimiquement liés).

L’ordre de ces bases A, C, G et T dans la partie codante (“exon”) de la séquence d’ADN d’un gène détermine quel polypeptide est fabriqué, et assembler différents polypeptides produit différentes protéines [1]. Les protéines et autres substances sont assemblés pour donner des traits variés, le “phénotype”. Moins de 2% de notre génome nécessite de fabriquer toutes les protéines dont nous avons besoin pour vivre.

Tous les êtres humains ont les mêmes gènes, mais pas la même forme de ces gènes. Nous avons tous le gène EYC3 pour la couleur des yeux, mais une séquence ACGT de ce gène donne les yeux bleus et une autre séquence ACGT de ce gène donne les yeux bruns. Chaque différente séquence ACGT d’un gène est appelée un “allèle”. Dans certaines populations, un gène peut entrer sous forme d’un seul allèle, donc chaque individu dans cette population a la même séquence ACGT pour ce gène et a le même trait (l’allèle est “fixé”); les gènes dans les autres populations entrent sous la forme de plusieurs allèles, dont certains sont possédés uniquement par très peu de gens.

Certains allèles sont très bénéfiques et donnent un trait hautement souhaitable à un individu, comme une plus grande intelligence, des capacités athlétiques, ou la beauté, et d’autres allèles peuvent être mortels ou débilitants. Il y a (en moyenne) 14 allèles différents pour chaque gène. En outre, des régulateurs (“épigénome”) déterminent si ‘oui’ ou ‘non’ une chaîne d’ADN est lue. L’épigénome diffère aussi entre les personnes et est hérité avec les chromosomes.
Si l’on assemble tout ça, alors, à moins que deux personnes soient des jumeaux identiques, il est extrêmement peu probable qu’ils seront génétiquement identiques, et même les jumeaux identiques (ie, des jumeaux avec les mêmes séquences d’ADN), peuvent différer légèrement en raison des différences dans leur épigénomes.

Même si deux allèles ont des séquences ACGT différentes, ils peuvent encore coder pour le même polypeptide (ie, les deux allèles sont “synonymes”), ou ils peuvent coder pour différents polypeptides (“non-synonymes”). Voir l’annexe pour l’explication. Chaque différence ACGT, disons, un ‘T’ au lieu d’un ‘A’, est appelée “single nucleotide polymorphism” (SNP). La différence entre un ‘A’ et un ‘T’ peut résider seulement dans la difficulté pour une cellule d’obtenir et d’assembler un ‘A’ au lieu d’un ‘T’, ou la différence peut être avantageuse, désavantageuse, ou même mortelle.

De nouveaux allèles peuvent apparaître au sein d’une population par mutation, ou ils peuvent être acquis par croisement avec une autre population qui les possèdent déjà. Si un nouvel allèle augmente le succès reproducteur, il se répandra dans toute la population. Si l’allèle réduit le succès reproducteur, il disparaîtra avec ceux qui le possédaient. Presque tous les nouveaux allèles sont nuisibles car, après des millions d’années, presque tous les allèles qui sont possibles sont déjà entrés dans le patrimoine génétique de la population à un moment ou un autre.
Et comme les allèles bénéfiques restent habituellement dans le patrimoine génétique une fois qu’ils surgissent, il y a très peu de nouveaux allèles bénéfiques qui pourraient surgir et entrer dans le patrimoine génétique. Mais les allèles nuisibles sont éliminés du patrimoine génétique, de sorte qu’ils peuvent apparaître et y entrer de nouveau, encore et encore. Les allèles nuisibles dans un environnement peuvent être bénéfiques des années plus tard, quand une population est confrontée à un environnement différent ou qu’elle a évolué d’une autre façon.

Les populations en expansion acquièrent des allèles (car il y a plus de gens chez qui les mutations peuvent se produire) et les populations sur le déclin les perdent (car les gens qui ont des allèles uniques, même si ce ne sont pas des allèles préjudiciables, meurent sans laisser de descendants) : un exemple est la perte d’allèles survenue chez les eurasiens, après qu’un grand nombre ait trouvé la mort pendant les périodes glaciaires. Exceptées de telles catastrophes, un allèle qui augmente le succès reproducteur est peu susceptible d’être perdu. Si un allèle est largement exprimé dans une population, on peut conclure sans risque que l’allèle a augmenté le succès reproducteur de cette population dans son environnement actuel. Toutefois, un allèle qui (pour une certaine période de temps) n’a été que faiblement exprimé n’augmente pas le succès de la reproduction, ou l’augmente seulement quand il est peu exprimé et est nuisible quand il devient très répandu.

Parce que les populations peuvent gagner et perdre des allèles, et que les allèles avantageux dans un environnement peuvent être préjudiciables dans un environnement différent, déterminer l’origine en étudiant les allèles des différentes populations peut s’avérer délicat.
Supposons que la population ‘A’ possède un grand nombre d’allèles, disons, une moyenne de 20 allèles par gène, tandis que la population ‘B’ possède seulement un peu d’allèles par gène, disons, une moyenne de 5, et ces 5 allèles sont également dans la population A. Est-ce que cela signifie que cette population ‘A’ est plus âgée ? Pas si sûr, puisque la population ‘A’ peut avoir acquis plusieurs de ces allèles par croisement avec d’autres populations, et non par des mutations survenant sur une plus longue période de temps. Il est même possible que ‘B’ soit plus âgé que ‘A’, si la population ‘B’ a perdu la plupart de ses allèles accumulés à cause d’une catastrophe naturelle qui aurait décimé une bonne partie de sa population.

De même, si la population ‘A’ possède d’anciens allèles que la population ‘B’ ne possède pas, il n’est pas encore possible de conclure que la population ‘B’ descend de la population ‘A’ et a perdu les anciens allèles. La population ‘A’ peut avoir d’anciens allèles simplement parce qu’elle a habité dans un environnement identique, constant, et n’a pas évolué autant que la population ‘B’, qui a emménagé dans un environnement très différent. Par ailleurs, les anciens allèles peuvent avoir pénétré dans la population ‘A’, car les membres de la population ‘A’ ont croisé avec la population ‘C’ qui possède ces anciens allèles.

Tout ADN dans chaque plante et chaque animal a la même structure de base. Chez tous les animaux avec un noyau (“eucaryotes”, ie, toute chose vivante autre que les bactéries, les algues bleu-vert, et les virus), il existe deux types d’ADN dans les cellules – l’ADN dans le noyau (“ADN nucléaire”) et l’ADN dans les mitochondries (“ADN mitochondriale” ou “ADNmt”). Les mitochondries, des restes de bactéries qui ont été capturés par les cellules il y a plus de trois milliards d’années, fournissent de l’énergie pour la cellule. Les bactéries capturées aident les cellules à survivre et c’est pourquoi leur ADN est toujours là. Plus tard, une partie de cette ADNmt s’est déplacée dans le noyau et est devenue ADN nucléaire.

Il y a certaines différences cruciales entre l’ADN nucléaire et mitochondriale. L’ADN nucléaire est sous la forme d’une double hélice, une échelle torsadée dont les barreaux sont une base ‘A’ sur un côté faiblement liée à une base ‘T’ sur l’autre côté, ou une base ‘C’ faiblement liée à une base ‘G’.
Un brin est le brin “sens” qui est lu pour fabriquer un polypeptide et l’autre brin est le brin “anti-sens” qui est une copie de sauvegarde complémentaire. L’ADN nucléaire est une chaîne à deux brins avec deux extrémités. L’ADNmt est habituellement un anneau à un brin (“plasmide”) sans extrémité, excepté le fait que, lorsqu’elle est lue, l’anneau s’ouvre. Dans chaque cellule, il n’y a que deux exemplaires de chaque brin de l’ADN nucléaire, un de la mère et l’autre du père, et il y a généralement des milliers de copies d’ADNmt dans chaque cellule, presque toujours uniquement de la mère [10].

Il y a plus de 3 milliards de paires de base (ie, A, C, G ou T) dans les 20 488 gènes de l’ADN nucléaire, mais seulement 16 569 paires de base dans les 37 gènes de l’ADNmt. L’ADN nucléaire est localisé dans les 23 paires de chromosomes; l’ADNmt n’a aucun chromosome. L’ADN nucléaire a un certain nombre de molécules de réparation de l’ADN qui se déplacent le long de l’ADN nucléaire et corrigent les erreurs; l’ADNmt n’a aucun moyen de corriger les erreurs, et les erreurs s’accumulent (environ) 20 fois le taux pour l’ADN nucléaire.
L’ADN nucléaire mute au rythme d’une fois par milliard de divisions cellulaires; l’ADNmt mute environ 10 fois plus vite que l’ADN nucléaire. L’ADN nucléaire est de deux types : les exons, l’ADN qui code pour des polypeptides (“gènes”), et les introns (“ADN poubelle”), l’ADN qui ne code pas pour des polypeptides. L’ADNmt n’a pas d’introns et il code pour l’ARN ainsi que pour les protéines (l’ARN est comme l’ADN, mais les ‘U’ remplacent les ‘T’ et ‘ribose’ remplace ‘désoxyribose’).
Presque tous les traits raciaux sont codés dans l’ADN nucléaire; l’ADNmt a rarement un effet sur les traits raciaux (par exemple, la respiration à haute altitude et pendant la course de longue distance et les avantages métaboliques dans l’Arctique).

Une différence majeure dans le but de déchiffrer les origines humaines, cependant, c’est que l’ADNmt se trouve dans la queue du spermatozoïde et que l’ADN nucléaire est dans la tête du spermatozoïde. Quel est le rapport avec nos origines humaines ? En fait, lors de la fécondation, seule la tête du spermatozoïde pénètre normalement dans l’ovule et tout ADNmt du spermatozoïde qui s’y glisse est détruit. Par conséquent, l’ADNmt du père ne contribue pas au génome de l’ovule fécondé (parfois, de l’ADNmt du père s’y glisse, donnant à l’ovule fécondé l’ADNmt du père et de la mère, ce qui confond les généticiens). Cela veut que l’ADNmt d’une personne est (presque toujours) hérité de la mère.
Mais il y a de l’ADN qui provient uniquement du père. Normalement, le père et la mère contribuent chacun à la moitié des chromosomes de leur enfant. Les femelles ont une paire de chromosomes X (XX), donc la mère peut seulement donner un X à son enfant. Les mâles ont un chromosome X et un chromosome Y (XY). Si le père transmet un X, l’enfant aura deux chromosomes X et sera une femelle (XX). S’il transmet un Y, l’enfant aura un chromosome X et Y et sera un mâle (XY). Cela signifie que l’ADN dans le chromosome Y d’un homme vient de son père, qui l’a obtenu de son père, et ainsi de suite.

Chapitre 4 – Evolution

L’homme est génétiquement “non-chimpanzé” à 1,3% et “chimpanzé” à 98,7%. Les différences entre l’homme et la femme sont encore plus grandes. Puisque le chromosome Y mâle est beaucoup plus petit que le chromosome X, les hommes et les femmes diffèrent dans leur ADN d’environ 1,5%. Cela ne veut pas dire que les hommes et les femmes sont plus proches des chimpanzés qu’entre eux-mêmes (une conclusion à laquelle on est obligé de souscrire si l’on applique le sophisme de Lewontin). En fait, les différences dans la façon dont les chaînes d’ADN sont lues et assemblées ont un effet plus important que les différences dans l’ADN lui-même.

La théorie de Darwin peut être exprimée comme un syllogisme :
Prémisses – si un individu dans une population a des traits qui 1) sont héréditaires 2) sont différents 3) entraînent une différence dans le succès de reproduction entre ceux qui les ont et ceux qui ne les ont pas, alors…
Conclusion – …la fréquence des traits qui favorisent le succès de reproduction va augmenter dans cette population.

Etant donné que les individus dans une population ont de tels traits (héritables et différents), ce que toutes les populations possèdent, à l’exception des organismes de laboratoire (ex, les clones et les animaux élevés sous conditions médicales), la conclusion doit suivre. Les traits (ou caractères) qui augmentent le succès reproducteur transmettent les allèles qui codent pour ces traits. Le succès de reproduction, seul, détermine quelle lignée perdure et quelle lignée s’éteint. Le syllogisme nécessite une population dont les individus, qui ont les traits héréditaires qui diffèrent dans leur contribution au succès de reproduction, peuvent être sélectionnés, ce qui signifie que l’évolution ne peut pas se produire si tous les individus de la population ont les mêmes traits héréditaires. La mutation fournit la matière première, mais la sélection va propager la nouvelle mutation seulement si elle est favorisée par l’environnement, ce qui est plus probable dans un environnement changeant.

Généralisé contre spécialisé.
Les stratégies de survie généralisées et spécialisées jouent un rôle crucial pour déchiffrer l’évolution humaine. Une espèce, un individu, ou même une partie d’un individu, est plus généralisée si elle peut effectuer plusieurs fonctions. Elle est plus spécialisée si elle est limitée à un petit nombre de fonctions. Une espèce est plus spécialisée si elle a fait évoluer son anatomie (et/ou la physiologie) pour mieux exploiter une niche écologique particulière, par exemple, une source de nourriture, un territoire, ou une stratégie de reproduction.
Les ratons laveurs, les rats et les cafards sont des espèces généralisées; le koala ne mange que des feuilles d’eucalyptus et de nombreux parasites vivent seulement au dépens d’une espèce hôte unique, donc ils sont spécialisés. Les êtres humains, des omnivores mangeant une variété de plantes et d’animaux et vivant partout sur la planète, y compris sous l’eau, dans les airs, aux pôles, et même dans les vaisseaux spatiaux et sur la lune, sont l’espèce la plus généralisée. Nos pieds, cependant, se sont spécialisés car ils ont perdu la capacité de saisir des choses, mais ils sont excellents pour la marche bipède, contrairement aux pieds des grands singes, qui peuvent aussi saisir les branches mais sont mal adaptés pour la marche bipède. La main de l’homme est si généralisée qu’elle peut enfiler une aiguille, balancer un bâton, ou jouer un concerto pour piano.
Il existe évidemment un compromis entre généralisation et spécialisation. Un ‘généraliste’ peut réaliser plus de choses, mais chaque fois moins bien. Une espèce anatomiquement plus généralisée est moins vulnérable aux changements dans son environnement, car elle peut fonctionner dans une variété d’environnements. Les espèces spécialisées peuvent exploiter un environnement particulier à son maximum, mais quand cet environnement disparaît, elles disparaissent, elles aussi. Une espèce spécialisée investit toutes ses ressources sur une niche, et une espèce généralisée diversifie ses investissements.
Contrairement aux animaux, nous avons découvert une façon qui est devenue à terme beaucoup plus efficace pour effectuer n’importe quelle tâche. Nous manquons l’anatomie (et la physiologie) pour courir aussi vite qu’un guépard, nager aussi bien qu’un dauphin, sauter aussi bien qu’une sauterelle, ou voler acrobatiquement comme un colibri, mais nous pouvons surpasser tous les animaux dans presque toutes les tâches grâce à notre technologie – nous sommes anatomiquement généralisés, mais peut-être technologiquement très spécialisés.
Cela peut paraître contre-intuitif mais plus nous devenons aptes à utiliser la technologie pour améliorer nos capacités naturelles et plus nous devenons humains, puisque c’est cette caractéristique, cette différence qui nous sépare des autres espèces. Et contrairement aux animaux anatomiquement plus spécialisés, nos spécialisations technologiques nous rendent moins vulnérables à l’extinction lorsque notre environnement s’en trouve modifié.

L’évolution, parce qu’elle se produit sur des grandes périodes de temps et un grand nombre d’individus, est moins aléatoire (“dérive génétique”) que ce qu’elle est habituellement dépeinte. Les accidents, la chance et la malchance surviennent évidemment, mais comme la période de temps s’accroit et le nombre de personnes augmente, leur importance diminue. Le résultat est que l’évolution suit des règles aussi logique que le syllogisme lui-même et, surtout, assez souvent pour que les règles peuvent généralement être invoquées.

Règle 1 : l’évolution est cumulative.
Le génome d’une population, altéré par des mutations, des morts et des différences individuelles dans le succès reproducteur, est transmis à la génération suivante, où il est ensuite soumis à des modifications supplémentaires, et ainsi de suite. L’évolution se poursuit en changeant ce qui est déjà là. Elle ne peut pas reconstituer des espèces à partir de zéro. Si l’environnement fluctue, les individus peuvent évoluer uniquement en modifiant ce qu’ils ont déjà, et si cela ne peut pas être fait pour répondre aux exigences du nouvel environnement, ils vont disparaître. La théorie du cerveau triunique de MacLean est un bon exemple de la nature additive de l’évolution.
À un cerveau reptilien vieux de 500 millions d’années (mésencéphale – l’intérieur du cervelet), il a été ajouté un système limbique des mammifères inférieurs vieux de 200 millions d’années (amygdale, et hippocampe), puis un néocortex des mammifères supérieurs vieux de 500 000 ans (partie externe du cerveau). Figure 4-3, ci-contre.
Un autre bon exemple de cette règle est la théorie de la récapitulation, initialement formulée : « l’ontogenèse [stades foetaux] récapitule [répète] la phylogénie [stades évolutifs] ». Et plus précisément formulée : « les stades du foetus répète les étapes de l’évolution du foetus. » En d’autres termes, les stades ultérieurs du foetus sont le résultat de l’ajout des étapes supplémentaires à des stades antérieurs du foetus.

“… the newborn infant concords very well with 20 million years ago in the Miocene epoch, when our ancestors were apes of some sort. Newborn infants can often grasp and suspend themselves and even swing enough to suggest brachiation. Their hallux or big toe is often highly movable and the rest of their feet (showing a slope of their curled toes that is virtually tranverse) are apelike.” (Swan, 1990)

La nature additive de l’évolution implique que les organismes deviendront presque toujours plus complexes, et c’est effectivement le cas. Cela implique également que les organismes, à chaque étape du chemin, doivent avoir des traits qui leur permettent d’être “reproductively successful”. Autrement dit, A ne peut pas évoluer vers B, sauf si les organismes à tous les stades entre A et B survivent et se reproduisent. Cela signifie aussi, pour paraphraser la “Law of Storage”, que le matériel génétique inutile s’accumule pour remplir l’espace dans le génome et est “éliminé” seulement lorsque ceux qui l’ont viennent à mourir, sans avoir de descendants.

Règle 2 : l’addition est plus facile que la soustraction.
L’évolution des traits nouveaux est plus susceptible de se produire en ajoutant des allèles, des copies, et des régulations à un génome existant que de les supprimer. Un trait nouveau peut survenir lorsqu’un nouvel allèle est exprimé, copié, ou lorsqu’un régulateur de gènes modifie l’expression des allèles. Si le nouveau trait augmente le succès reproducteur, il se propage à travers la population. Perdre un trait, d’autre part, implique qu’un trait qui a été un atout est devenu un handicap : la niche est plus exploitable si ce trait disparaît. Les poissons qui se retrouvent piégés dans une caverne ne peuvent plus exploiter une niche ensoleillée, donc les yeux deviennent un coût inutile et les poissons qui investissent moins de ressources dans les yeux ont désormais un avantage. Éventuellement, les poissons des grottes deviennent aveugles (Sciences et Avenir).
Les nouveaux traits surgissent en “bricolant” avec les allèles d’un organisme; par exemple, une mutation de l’ADN ou un ajustement des régulateurs, graduellement, où chaque petit changement entraîne seulement une petite amélioration, le cas échéant. Mais se débarrasser de ce trait signifie défaire tout ce bricolage et chaque retour en arrière doit aussi conduire à une petite amélioration dans le but d’être sélectionné, et il se peut que non. La désactivation d’un allèle clé peut éliminer le trait qu’il code, mais d’autres allèles et régulateurs ont probablement changé et ont été sélectionnés car ils ont facilité l’expression de cet allèle clé, et ils resteront tels quels, produisant peut-être des polypeptides inutiles et nuisibles.
Quand une population ‘fille’ se sépare de la population ‘mère’ pour exploiter un nouvelle niche, elle va généralement acquérir de nouvelles caractéristiques pour faciliter l’exploitation de cette nouvelle niche. Pendant ce temps, la population ‘mère’ n’a pas obtenu ces nouveaux traits, mais elle acquiert d’autres traits utiles pour l’ancienne niche que la population ‘fille’ n’a pas obtenu. Si la nouvelle niche disparaît, les nouveaux traits deviennent un handicap et la population ‘fille’ ne peut pas rivaliser avec sa population ‘mère’ dans l’ancienne niche.

Règle 3 : généralisé → spécialisé → extinction.
Les populations généralisées ont tendance à évoluer en populations spécialisées. Non l’inverse [16]. Une population devient plus spécialisée si ses traits évoluent anatomiquement (ou physiologiquement) afin de mieux remplir une fonction qu’ils exercent déjà. La spécialisation nécessite un changement de ce qui est déjà présent, sans retourner à un état antérieur et, par la Règle 2, il est plus facile d’ajouter un allèle ou une régulation d’un allèle, qui pourrait produire un nouveau phénotype (l’expression d’un gène), que de perdre ou de modifier la régulation d’un allèle pour acquérir (à nouveau) un précédent phénotype. Cette règle implique que l’évolution va principalement dans une direction et se termine en extinction lorsque l’environnement fluctue et que les spécialisations deviennent un handicap.

While specialized populations can evolve from specialized populations and generalized populations can evolve from generalized populations, the dominant generalized-to-specialized directionality of evolution suggests that generalized populations will be the source of most evolutionary changes.

Si une espèce est devenue spécialisée pour exploiter une niche qui, plus tard, n’est plus disponible, les espèces peuvent devenir plus généralisées à la condition de devenir moins efficaces pour exploiter cette niche, ce qui conduit à leur extinction tôt ou tard.
Il y a plusieurs manières pour une population d’éviter cette règle et, ainsi, se généraliser. Un foetus a moins de structure qu’un adulte, donc si les adultes d’une espèce conservent leurs traits juvéniles, l’espèce peut devenir plus généralisée. La néoténie a joué un rôle important en rendant l’homme plus généralisé, et donc plus apte à migrer hors des climats chauds. Une population pourrait acquérir des traits plus généralisés par métissage avec une population plus généralisée, devenant ainsi plus généralisée que sa population ‘mère’.
Une espèce spécialisée peut devenir plus généralisée en modifiant partiellement son comportement et en se servant de sa structure existante pour un objectif différent (“exaptation”). Par exemple, un poisson peut marcher sur ses nageoires et peut encore les utiliser pour nager, puis il évolue pour mieux marcher sur ses nageoires, tout en conservant l’usage des nageoires pour nager, sachant qu’il ne fera jamais aussi bien qu’un poisson qui sait seulement nager ou seulement marcher.
Parallèlement, une partie d’une structure existante peut rester inchangée, exerçant ses fonctions habituelles, tandis qu’une autre partie de la même structure évolue pour remplir une fonction différente. Par exemple, une rétine qui possède uniquement des bâtonnets pour voir en noir et blanc conserve certains de ces bâtonnets alors que d’autres bâtonnets évoluent en cônes pour voir en couleur.

Règle 4 : les populations spécialisées évoluent dans un environnement stable et les populations généralisées évoluent dans un environnement changeant.
Si l’environnement est stable, alors une population qui se spécialise pour exploiter une niche dans ce milieu a un avantage vis à vis d’une population qui reste plus généralisée. Les individus de n’importe quelle population varient dans leur degré de spécialisation et un point de spécialisation par rapport au nombre d’individus se rapprochera d’une courbe normale. La moyenne de cette courbe sera plus élevée pour une population plus spécialisée et son écart-type sera moindre. Plus un environnement est stable (et plus les populations ont eu besoin de temps pour évoluer vers l’équilibre), et plus grande sera la proportion de populations spécialisées par rapport aux populations généralisées dans cet environnement, alors que ce ratio s’inverserait dans un environnement changeant.
Puisque les climats tropicaux et polaires sont plus stables que les climats saisonniers, les populations qui vivent dans les tropiques et les pôles seront plus spécialisées que les populations évoluant dans un climat saisonnier. Une espèce dont le territoire englobe à la fois un environnement changeant et un environnement stable peut se scinder : les individus plus généralisés vivant dans un environnement changeant et les individus plus spécialisés vivant dans un environnement stable, de sorte que les deux espèces évoluent.
Conformément à la Règle 3, il est plus probable qu’une population généralisée évolue depuis une autre population généralisée dans une région tempérée plutôt qu’une population spécialisée évolue en population généralisée dans les tropiques ou dans une région polaire, pour ensuite migrer dans une région tempérée et se généraliser. Plus le changement évolutif est grand, plus cette déclaration est vraie.

Règle 5 : les populations spécialisées ont moins de variation génétique que les populations généralisées.
Les individus qui s’écartent des traits les plus efficients dans une population spécialisée sont plus susceptibles d’être négativement sélectionnés que les individus qui s’écartent des traits les plus efficients dans une population généralisée car la population spécialisée vit dans un environnement plus stable. Les africains ont plus de variation génétique, toutefois. Section [3] et [4] pour les explications.
Bien que les humains sont souvent décrits comme une espèce tropicale, sous prétexte qu’ils transpirent pour rester au frais et ne peuvent survivre tout nu dans le froid, le fait qu’ils soient si généralisés par rapport à d’autres espèces suggère 1) que leur lignée a débuté dans un climat chaud ou 2) ils étaient généralisés ou sont devenus plus généralisés à un certain stade de leur évolution (ce changement est soupçonné d’avoir eu lieu lorsque l’homme est devenu plus néoténique).

Règle 6 : les populations spécialisées évoluent moins et plus lentement que les populations généralisées.
Car une population spécialisée a moins de variation génétique qu’une population généralisée, il y a moins de traits et d’allèles qui peuvent être sélectionnés. Lorsque l’environnement change, une population spécialisée ne peut pas évoluer rapidement à travers la sélection d’allèles qui sont déjà présents dans son patrimoine génétique. Elle doit attendre que des mutations se produisent. Les espèces généralisées sont plus susceptibles de surgir dans un climat changeant, et l’homme est plus susceptible d’avoir évolué, du moins dans ses phases ultérieures, dans une région tempérée, et non sous les tropiques. Cela est particulièrement vrai pour les caucasiens, qui sont plus généralisés que les africains et les asiatiques.

Règle 7 : la spécialisation augmente la capacité porteuse.
La capacité porteuse (maximum de biomasse possible) dans un environnement stable est plus grande lorsque les populations se spécialisent pour exploiter des niches légèrement différentes car les individus spécialisés sont plus efficaces pour l’extraction d’énergie utilisable. Une population plus généralisée est moins efficace pour exploiter une niche dans un environnement stable. Ainsi, en se spécialisant, une population peut augmenter en nombre et donc la vitesse à laquelle les mutations entrent dans la population, ce qui peut lui permettre d’évoluer plus rapidement.
Une mise en garde est néanmoins nécessaire. L’homme, contrairement aux autres formes de vie, peut se spécialiser par la technologie plutôt que par l’évolution (sauf dans la mesure nécessaire de créer et d’utiliser la technologie). En créant la technologie (au lieu de développer des traits spécialisés) pour effectuer des tâches particulières, par la construction d’un voilier ou d’un avion (au lieu de développer des nageoires ou des ailes), il peut augmenter la capacité porteuse de son territoire, même s’il reste physiquement généralisé. Bien qu’il existe une limite physique à la quantité d’énergie utile qui peut être extraite d’un territoire, la capacité porteuse d’un territoire augmentera à mesure que les traits nécessaires pour la créer et l’utiliser évoluent; la capacité porteuse d’un territoire donné dépendra alors de la population qui y vit et sera plus grande pour certaines populations que pour d’autres.

Règle 8 : plus d’énergie utilisable → plus de biomasse et plus d’espèces.
Plus la quantité d’énergie disponible pour la vie par unité de surface est grande, plus la biomasse (et le nombre d’espèces) dans cette zone sera grande. Il existe un nombre minimum d’individus nécessaires pour maintenir une population (entre 175 à 475 individus pour les chasseurs-cueilleurs modernes). Lorsque plusieurs personnes peuvent vivre sur le même territoire, avoir plus de populations ayant ce nombre minimum est possible, et si des niches sont différentes pour que la spécialisation puisse se produire, ces populations vont évoluer en plusieurs espèces.
C’est par la lumière du soleil que les tropiques reçoivent le plus d’énergie, donc les tropiques ont le plus de biomasse et (parce que les tropiques sont plus stables) le plus grand nombre d’espèces par unité de surface. Bien que la spécialisation, évoluant dans un environnement stable, augmente la taille de la population d’une espèce en extrayant plus d’énergie, cet effet peut être bouleversé par le fractionnement des populations en plusieurs espèces, ce qui réduit taille de la population. Le nombre d’individus ‘dans’ les espèces nordiques a tendance à être supérieur au nombre ‘dans’ les espèces tropicales, sans doute parce qu’ils sont moins concentrés (leur nombre est inférieur par unité de surface) et passent moins de temps dans n’importe quelle niche parce qu’ils migrent plus. C’est pourquoi la spécialisation est moins sélectionnée.
Les Règles 7 et 8 atténuent légèrement la Règle 6. En fait, la spécialisation réduit l’évolution à cause d’une plus faible variation (Règle 6). Mais l’augmentation de la capacité porteuse et de l’énergie utilisable augmente les variations car il y a plus d’énergie à extraire et plus d’énergie disponible, respectivement, et ces trois particularités sont plus susceptibles d’être trouvées dans un environnement stable.

Règle 9 : plus de biomasse → une stratégie de reproduction plus orientée “r”.
Les populations évoluant sous les tropiques sont orientées “r” parce qu’il y a plus de biomasse et d’énergie par unité de surface. Moins de soins est nécessaire pour élever l’enfant, et c’est pour cela que les individus qui s’orientent “r” ont plus de succès de reproduction que ceux qui s’orientent “K”.

Règle 10 : Un trait évolue jusqu’à ce qu’il atteint son optimum, et une population évolue jusqu’à ce qu’elle atteint l’équilibre.
La quantité de chaque trait qu’une population possède est progressivement optimisée pour cette population dans cet environnement [26]. Evidemment, lorsqu’une population évolue ou lorsque son environnement change, l’optimum pour ses traits peut également changer. Tous les traits d’un individu doivent fonctionner ensemble pour assurer le succès de reproduction. Trop (ou trop peu) de l’un des traits réduira son succès de reproduction. Un changement dans un trait entraînera de subtils effets sur d’autres traits, dans le sens où le changement peut libérer ou épuiser des ressources nécessaires pour d’autres traits, faciliter ou interférer avec les réactions, etc. L’optimalité de chaque trait change à mesure que d’autres traits se déplacent vers leur optimum. Lorsque chaque trait de chaque individu atteint son optimum, la population est en équilibre avec cet environnement. Une condition qui peut difficilement exister. Plus une espèce est loin de son optimalité, plus vite elle évoluera ou plus vite elle disparaîtra.

… the magnitude of the gap between the traits a species’ genome codes for before the environmental change and the amount the genome must change is achieve equilibrium once again will be somewhat proportional to the rate at which the species evolves.

Ainsi, après un changement dans l’environnement, l’évolution sera rapide puis ralentira progressivement à mesure que l’on approche de l’équilibre. La quantité d’un trait qu’une population possède, surtout si l’environnement est stable, est susceptible d’être proche de l’optimalité pour cette population dans cet environnement.

Règle 11 : l’origine d’un trait demeure là où il est trouvé.
À moins qu’une population ait migré très loin de la source d’un trait, ce trait est plus susceptible de trouver son origine dans la population qui a le pourcentage le plus élevé de ce trait. Au fil du temps, la même mutation peut se produire chez des individus vivant dans différents territoires, mais elle est susceptible de s’établir uniquement dans le territoire où elle confère un avantage significatif pour la reproduction. Disons que si les traits adaptatifs pour les tropiques surgissent chez les eskimos, les traits disparaissent tout simplement. Le croisement peut transmettre des traits, mais une population est plus susceptible d’acquérir un trait par mutation que par croisement.

Règle 12 : le comportement change avant les modifications du génome.
Le comportement change pour profiter des fluctuations dans l’environnement. Les individus qui possèdent (ou obtiennent) les traits qui facilitent le plus ce comportement ont plus de succès de reproduction, et le génome change. Les singes ont d’abord eu du mal à marcher sur leurs deux pieds; ensuite, ils ont évolué pour marcher plus aisément. Puisque le succès de reproduction ne se produit que lorsque l’individu acquiert des ressources et se reproduit (voir aussi, effet Baldwin), l’évolution est stimulée par des changements dans l’environnement et des changements dans le comportement des individus en réponse à ces changements environnementaux. Les individus peuvent modifier leur comportement pour mieux acquérir des ressources, et ensuite, de meilleurs compagnons, si ces personnes ont plus de succès reproductif, un sous-ensemble de ce groupe qui possède l’anatomie et la physiologie qui facilitent davantage le nouveau comportement sera sélectionné.

Règle 13 : le temps et la taille de la population augmentent la variabilité génétique d’une population et les catastrophes la diminuent.
Parce que les mutations surviennent constamment, plus longtemps les espèces perdurent et plus elles accumulent des variations (nouveaux allèles non léthaux). Aussi, les populations ont tendance à augmenter leur nombre avec le temps. Plus grande est la population, plus grand sera le nombre de mutations qui se produisent et s’accumulent. Les catastrophes (accidents, maladies, prédateurs, malchance…) éliminent les allèles du patrimoine génétique et réduisent les variations. Une population avec moins de variations peut être plus âgée, si les catastrophes en ont réduit le nombre.

Règle 14 : plus longtemps une population n’a pas eu de métissage avec les autres populations, plus elle devient homozygote (consanguine) et plus le pourcentage de ses allèles récessifs augmente.

Isolation requires only no interbreeding, not physical separation. People on different Melanesian islands have become genetically different because, despite the closeness of their islands, they were reproductively isolated from each other. (Friedlaender, 2007).

Plus certaines personnes sont apparentées, plus ces personnes partagent d’allèles, ce qui veut dire que la probabilité qu’elles aient chacune une copie d’un allèle récessif augmente avec la parenté. Une consanguinité accrue augmente l’expression d’allèles récessifs, que les allèles récessifs soient avantageux, désavantageux, ou neutres. S’ils sont avantageux, ils se propagent dans la population. S’ils sont désavantageux, ils disparaissent lorsque l’individu chez lequel ils sont exprimés décède avant qu’il ne puisse se reproduire.
Plus une population est isolée, plus elle sera exempt d’allèles récessifs désavantageux, et plus grand sera le pourcentage de ses allèles exprimés d’être récessifs. De même, le pourcentage de ces allèles récessifs exprimés d’être avantageux ou neutres, et non désavantageux, sera plus grand. En corollaire, plus le pourcentage de gènes exprimés d’une population d’être récessif est grand, plus une population a été isolée.
Au fil du temps, les mutations se produisent et une population isolée retient les allèles qui ne réduisent pas son succès reproductif, ce qui accroit la variabilité de la population. Plus une population a été isolée, plus il est probable que les allèles moins avantageux seront perdus. Et même les allèles bénéfiques seront perdus si des allèles encore plus bénéfiques surviennent. Le résultat net de ces deux effets est que toute augmentation de variation due à la Règle 13 ne sera pas aléatoire et résultera en une augmentation des allèles bénéfiques.
Il existe (au moins) six façons pour que le génome des individus d’une population puisse être modifié (de telle sorte que le génome de leurs descendants soit différent de ce qu’il aurait été autrement) : par 1) la mutation, 2) l’épigénétique, 3) l’isolement, 4) l’hybridation, 5) la recombinaison et 6) la sélection.

1) Les populations changent génétiquement quand leur ADN change. Un changement héréditaire survient seulement si l’ADN dans une cellule germinale (un ovule ou spermatozoïde, ou une cellule qui fabrique des ovules ou des spermatozoïdes) change [32]. Le matériel génétique dans les ovules et les spermatozoïdes peut être modifié par, disons, des rayons cosmiques, des températures élevées, une mauvaise lecture du code de l’ADN lorsque des ovules et des spermatozoïdes sont fabriqués, et des mutagènes (comme certains polluants).
Il a récemment été découvert que l’ADN nucléaire non codant (“junk DNA”), qui peut être muté, peut devenir ADN codant, changeant ainsi les traits de la prochaine génération si elle survient dans une cellule germinale. L’ADN peut être modifié quand une cellule germinale est envahie par un virus (ou une bactérie) et que son matériel génétique est incorporé dans l’ADN nucléaire de cette cellule.
Le mouvement occasionnel des sections d’ADN dans un gène, ou même entre les gènes, modifie aussi le code ADN. Le code de l’ADN peut également être changé si l’ADN germinale est dupliqué non pas une, mais plusieurs fois; il a été estimé qu’au moins 12% du génome humain (environ 20 500 gènes) diffère dans le nombre de copies que les gens possèdent.
Au fil du temps, l’ADN qui est le moins essentiel accumule le plus de mutations, comme on pouvait s’y attendre. Cela comprend de l’ADN non-codant (“introns”), des gènes qui ont été réduits au silence (“pseudogènes”), et souvent l’ADN qui code pour le même acide aminé (“ADN synonymes”).

2) Depuis que l’accès au plan d’ADN est contrôlé au moyen de régulateurs de gènes, si l’environnement change les régulateurs dans les cellules germinales (“modifications épigénétiques”), ces changements peuvent être transmis à la prochaine génération [35], bien que la plupart ne le sont pas et que les modifications épigénétiques peuvent être perdues après quelques générations. Les régulateurs déterminent si ‘oui’ ou ‘non’ l’ADN est lue, quelle portion d’une chaîne d’ADN est lue, quand elle est lue, combien de fois elle est lue, et quelles sections sont épissées pour être lues. Il existe assez peu de régulateurs de gènes et on en découvre de nouveaux tout le temps.
Les plus connus sont les histones, les protéines qui entrelacent les brins d’ADN dans les chromosomes et déroulent l’ADN pour permettre à celui-ci d’être lu. Divers groupes chimiques, comme le méthyle, phosphate, et acétyle, peuvent être attachés à un brin d’ADN pour l’empêcher d’être lu. Lorsque l’ADN est copié, le nombre de copies fabriquées est régulé et les différences dans le nombre de copies peuvent affecter la susceptibilité à la maladie ainsi que les différences raciales.
Les régulateurs de gènes sont hérités avec l’ADN, auquel ils sont attachés. On estime que les régulateurs évoluent environ 10 fois plus vite que l’ADN, de sorte que la plupart de l’évolution résulte par des changements dans les régulateurs plutôt que par des changements dans l’ADN lui-même (Choi, « Regulators Evolve Faster Than Genes », 2007), même si les changements dans l’ADN sont plus fondamentaux.
Les changements dans les régulateurs se produisent plus aisément car il n’y a pas de mécanismes de réparation d’erreur pour les régulateurs (comme il y en a pour l’ADN), et que les influences environnementales changent plus facilement les régulateurs qu’elles ne changent l’ADN. C’est pourquoi notre ADN peut être semblable à l’ADN du chimpanzé, alors que nous sommes si différents. Les régulateurs de gènes des races sont susceptibles de différer d’un pourcentage beaucoup plus élevé que l’ADN des races.

3) L’isolement change le génome des populations en augmentant la consanguinité, ce qui rend plus aisé pour les combinaisons d’allèles avantageuses (en particulier, les allèles récessifs), mais rares, de se répandre dans une population quand elles surgissent. Puisque la consanguinité augmente la probabilité qu’un individu héritera de deux copies du même allèle, la consanguinité peut aussi éliminer plus rapidement du patrimoine génétique les allèles qui codent pour des traits qui sont mortels avant la maturité ou qui, autrement, entravent le succès reproducteur.

4) L’hybridation se produit chaque fois que des populations génétiquement différentes croisent. Après qu’une population soit devenue isolée de sa population mère, ses mâles et femelles peuvent croiser avec une autre population (même sa population mère), insufflant ainsi différents allèles dans la population hybride qui en résulte. Cela peut se produire lorsqu’une population isolée augmente simplement en nombre et se développe sur le territoire d’une autre population, ou lorsqu’elle a été entraînée là-bas par des changements climatiques ou par d’autres facteurs.
Les hommes caucasiens étaient des explorateurs et se sont généralement accouplés avec les femmes dans les autres pays qu’ils ont visités. Les africains, capturés comme esclaves, furent emmenés dans d’autres territoires en Afrique, mais aussi en Inde, au Moyen-Orient, dans le Sud de l’Europe, et dans les Amériques, où ils croisèrent avec les populations déjà présentes.
Les premiers hommes vivaient dans des groupes d’environ 150 personnes, et les hommes dans ces groupes auraient fait des raids dans le territoire des autres groupes, tuant les hommes, et prenant les femmes, ce qui apporte alors plus d’hybridation dans leur propre groupe. Les individus dans la population hybride auront diverses combinaisons d’allèles qu’ils ont reçu de ces deux populations mères, et certains individus seraient mieux adaptés, d’autres moins adaptés, que l’une ou l’autre des populations mères.
S’il y a une sélection naturelle de la population hybride, les hybrides les mieux adaptés forment une nouvelle population. C’est ce qu’on appelle “l’introgression adaptative” parce que de nouveaux allèles sont introduits dans les deux populations mères et que les individus ayant la combinaison d’allèles la plus adaptative chez les hybrides ont plus de succès reproducteur.

5) Le sexe, qui a été apprécié pendant 1,2 milliards d’années, modifie génétiquement les populations de deux manières. D’abord, quand un ovule est fabriqué, une partie de l’ADN nucléaire dans chacun des 23 chromosomes de la femme qui viennent de sa mère (autre que le chromosome X) est échangée avec l’ADN nucléaire correspondant dans chacun des 23 chromosomes qui viennent de son père (idem pour fabriquer un spermatozoïde, à l’exception du chromosome Y).
Cela signifie que l’ADN dans chaque chromosome ne vient plus uniquement du père ou de la mère, mais elle contient un mélange d’ADN de chacun de ses parents, ce qui est appelé “crossover”.
Ensuite, chaque ovule et chaque spermatozoïde reçoit 23 de ces chromosomes mixtes, et non pas 23 paires de chromosomes non-mixtes, comme font d’autres cellules. Quand un spermatozoïde féconde un ovule, ses 23 chromosomes mixtes non appariés jumèlent avec les 23 chromosomes mixtes non appariés correspondants de l’ovule, résultant en 23 paires une fois de plus, un processus appelé “recombinaison”. En raison du crossover, l’ovule fécondé possède l’ADN de chacun des quatre grands-parents, plutôt que (seulement) deux d’entre eux.
La recombinaison et le crossover assurent que le mélange de l’ADN est différent, non seulement entre les générations, mais aussi entre frères et sœurs [43]. La reproduction sexuelle brouille tellement les allèles que tout le monde, exceptés les vrais jumeaux et les clones, a un plan d’ADN différent, et très probablement une combinaison unique de traits. Si le nouveau mélange résulte en un plus grand succès de reproduction, la population change génétiquement à chaque naissance.
Pourquoi ce système compliqué pour mélanger l’ADN, et de rendre ainsi les frères et sœurs génétiquement différents, évolue ? Parce qu’il évite de mettre tous les ovules fécondés des parents dans le même panier. Si tous les descendants sont génétiquement identiques, ils auraient tous les mêmes vulnérabilités et aucun ne survivrait. Si l’environnement change (différent climat, différents prédateurs, différentes sources de nourriture, différents parasites…), ce serait la fin de leur lignage, mais si leurs progénitures sont différents, certains pourraient survivre.
Un trait peut ne pas être contrôlé par un seul gène, mais par les interactions de plusieurs gènes différents. De nombreux traits, dont la grande intelligence, nécessitent la présence chez un seul individu d’allèles spécifiques d’un certain nombre de gènes différents. Ainsi, chaque fois que des allèles sont mélangés il y a une collection différente d’allèles pour ce trait, ce qui peut aboutir à plus (ou moins) de ce trait ou même à un trait entièrement nouveau.

6) Les traits qui sont utiles dans l’aboutissement du succès de reproduction sont positivement sélectionnés [45]; les traits qui réduisent le succès de reproduction étant négativement sélectionnés. Les traits qui n’aboutissent à ni l’un ni l’autre sont neutres.
Quand le soleil est directement au dessus de nos têtes, la peau sombre (ou noire) sauve la vie, car elle empêche le corps de recevoir trop de lumière ultraviolette, mais s’il y a peu de soleil, elle empêche d’absorber assez de la lumière ultraviolette pour fabriquer assez de vitamine D. Si un trait coûteux en ressources a été présent (ou absent) dans une population pendant un temps considérable, alors ce trait est probablement avantageux (ou désavantageux) pour cette population dans cet environnement. Plus d’un trait signifie moins d’un autre trait, et les traits qui seront sacrifiés sont ceux qui diminuent le succès reproducteur; par exemple, plus de vitesse (muscles à contraction rapide) signifie moins d’endurance (muscles à contraction lente).
La quantité optimale d’un trait n’est pas la même dans chaque environnement. Un petit cerveau peut être optimal lorsque l’on vit à une époque technologiquement simple, mais peut ne plus être optimal une fois que la technologie devient complexe. La culture est également soumise à la sélection, et peut conduire à ce que la sélection d’allèles s’y adapte (Rogers, 2008). Tout ce qui peut être affecté par le génome peut être sélectionné et tout ce qui change le génome peut sélectionner.

Traits need not become more and more complex – they can become simpler and simpler, as a bird, such as the ostrich, that still has wings, but can no longer fly or a snake that still has (vestigial) legs, but can no longer walk.

Une autre façon d’évoluer plus rapidement consiste à augmenter le taux de “roulement”, soit le remplacement d’une génération par la suivante. Le vieillissement est un gaspillage d’adultes reproducteurs et ce n’est pas une nécessité biologique que certaines espèces vivent pendant des centaines ou des milliers d’années (ex, Pin Bristlecone – 5000 ans). Il existe certaines preuves que les femmes ne meurent pas si tôt après la ménopause car elles aident à s’occuper de leurs petits-enfants, augmentant ainsi le nombre de survivants (« Grandmother hypothesis »).
Si les individus ne vieillissent pas, libérant le territoire et les ressources pour les générations futures, il y aura moins de roulement, et l’espèce ne sera pas en mesure d’évoluer rapidement, surtout si son environnement devait changer.
Dans un environnement stable, la population a atteint l’équilibre (ou presque), alors il y a peu de pression de sélection et elle sera peu susceptible d’évoluer. Si l’environnement change, la population sera plus éloignée de l’équilibre et sera plus susceptible d’évoluer. On considère qu’une population était sous forte pression de sélection lorsque, après avoir acquis un nouveau trait, le nombre de ses membres ayant ce trait augmente rapidement.

Chapitre 5 – Selectors

Un “sélecteur” est tout ce qui augmente ou diminue le succès reproducteur d’un individu parce que celui-ci a (ou n’a pas) une combinaison particulière de traits. Avec la science moderne et l’aide internationale, les humains d’aujourd’hui n’ont pas besoin de trop se soucier des sélecteurs, mais les premiers humains ont été impitoyablement brutalisés par des sélecteurs bien au-delà de leur contrôle. Et c’est la raison pour laquelle nous avons les traits que nous avons aujourd’hui.
Un sélecteur peut être un climat froid qui tue ceux qui perdent de la chaleur trop facilement, ou un climat chaud qui tue ceux qui ne peuvent pas évacuer de la chaleur assez rapidement, un prédateur qui tue les coureurs lents, ou une bactérie qui tue ceux qui ont un faible système immunitaire, et ainsi de suite. La culture également, si elle modifie le succès reproducteur, peut être un sélecteur.

Le climat est le plus puissant sélecteur, non seulement pour les humains, mais aussi pour presque toutes les choses vivantes, tout ça parce qu’il affecte directement la quantité de nourriture disponible, ce qui affecte directement le nombre de survivants. Le climat inclut : la température, les précipitations, l’ensoleillement, la pression atmosphérique, l’oxygène et le dioxyde de carbone contenus dans l’air, et les variations saisonnières, lesquels, à leur tour, déterminent le type et la quantité de nourriture disponible, quand et où elle est disponible, et comment il est aisé de l’obtenir.

L’humidité, les précipitations, et la présence de prédateurs et de proies peuvent changer pour diverses raisons, mais les changements dans la quantité d’énergie utilisable par les organismes (ex, le soleil, la nourriture, ou la chaleur) sont cruciaux. La température est un bon substitut pour les énergies disponibles. La température est affectée par l’altitude (elle diminue d’environ 1°F pour chaque 275 pieds – 83,82 mètres – que nous grimpons) et les courants océaniques chauds (elle diminue d’environ 1°F pour chaque 5 ½° de longitude vers l’Est en Europe), mais c’est la quantité de lumière frappant la surface de la terre qui a le plus d’effet sur la température.
La différence dans la distance du soleil à la terre entre l’hiver (91 700 000 miles) et l’été (94 800 000 miles) a moins d’effet sur la quantité de lumière que ne le fait l’angle entre la lumière du soleil et la surface du globe. L’équateur, qui est plus directement sous le soleil, reçoit beaucoup plus de lumière que les pôles, où la lumière du soleil est à un petit angle de la surface, à supposer que le soleil se lève.

Le point sur la surface de la terre qui est perpendiculaire à la lumière du soleil trace un chemin un peu sinusoïdale à travers la surface de la terre qui se déplace de l’équateur à 23° 26′ 22″ de latitude nord (Tropique du Cancer) dans l’été boréal, puis de nouveau à travers l’équateur à la même latitude sud (Tropique du Capricorne) dans l’hiver boréal. Exceptées de rares catastrophes, la quantité de lumière frappant n’importe quelle partie particulière de la terre n’a pas beaucoup changé depuis le début de la vie sur cette planète, il y a environ 3,8 milliards d’années, mais les migrations d’une latitude à l’autre change la quantité de lumière qu’une population reçoit.

La quantité moyenne de lumière du soleil au cours d’une année décroît avec une latitude éloignée de l’équateur (réduisant la température moyenne d’environ 1°F pour chaque 70 miles – 112,65 kilomètres – vers le nord en Eurasie). Plus important, toutefois, est le fait qu’à mesure que l’on passe de l’équateur vers les pôles, la différence entre les températures estivales et hivernales augmente jusqu’à un maximum, puis décroît à nouveau. Dans les zones tempérées, où cette différence maximale se produit, la nourriture est disponible en abondance à la fin de la saison de croissance, mais au cours de l’hiver, la végétation comestible est difficile à trouver, bien que les troupeaux de grands mammifères peuvent encore être disponibles.

Des changements climatiques catastrophiques se sont produits tout au long de l’histoire de la Terre, des glaciations aux impacts de comètes, aux éruptions volcaniques [2]. La plupart ont eu lieu longtemps avant que l’homme soit apparu et certains n’ont affecté que de petites zones. Il n’y avait aucune catastrophe majeure due à des comètes ou des astéroïdes au temps de l’homme sur terre, mais il y avait des âges glaciaires, des glaciers, et une hausse et baisse du niveau des mers qui ont touché les régions habitées par nos ancêtres.

Le Mont Toba (ou Toba) est un volcan à Sumatra, en Indonésie. Aujourd’hui, il est calme et ne montre aucune velléité à dévaster la planète, mais il y a 73 000 ans c’était une bête en colère, pulvérisant 2 800 km3 (671 miles cubes) de matériaux dans le ciel, avec des millions de tonnes de gaz toxiques sulfureux, noircissant les cieux à travers les latitudes nordiques de la Terre. La cendre est tombée à travers l’Inde en ayant une trajectoire nord-ouest, dans des endroits de 18 pieds de profondeur. L’analyse des carottes de glace indique que la température a chuté de 61 degrés Fahrenheit au Groenland pendant environ six ans. Depuis que Toba se trouve à seulement 3 degrés au nord de l’équateur, la quantité d’énergie atteignant la terre (fournissant la chaleur et permettant la photosynthèse) a été considérablement réduite.
L’hiver volcanique qui en résultait a masqué le soleil, tuant la végétation, puis les herbivores, puis les carnivores et les humains. Les effets ont été plus sévères dans les latitudes nordiques, où les hivers rendaient déjà la survie difficile, mais Toba n’a pas eu beaucoup d’effet sur l’Afrique. Certaines personnes touchées par Toba étaient plus aptes à faire face à ses effets que d’autres; Toba n’a donc pas seulement tué des personnes, il a aussi modifié le génome des populations survivantes, comme on le verra au chapitre 20.

Il y a eu deux périodes glaciaires qui ont affecté l’évolution de l’homme moderne, toutes deux se référant à la période de glaciation de Würm. La première âge de glace a commencé il y a 73 000 ans, quand Toba a éclaté, et elle a pris fin il y a 55 000 ans. Bien que les âges de glace sont attribuées à des changements dans l’orbite de la Terre, il est fort probable que Toba a déclenché ou accentué cette âge de glace en augmentant l’albédo, la réflexion de la lumière du soleil dans l’espace par la neige et la glace.
Les températures ont chuté et la neige est restée sur le sol plus longtemps avant de fondre, jusqu’à ce qu’elle n’ait pas fondu du tout, mais s’est accumulée sous forme de glaciers épais qui couvraient la terre et avançaient vers le sud, effaçant la plupart des preuves que l’homme avait vécu là-bas. La zone entière située au nord de l’Inde et la plupart de l’Asie de l’Ouest au nord des montagnes du Caucase était sous une couche de glace, mais certaines zones de la Chine centrale sont restées indemnes, donnant aux asiatiques de l’Est une longueur d’avance sur les caucasiens. L’eau s’est évaporée des océans et tomba sous forme de neige, sans refluer vers les océans, alors le niveau de la mer a chuté, créant plus de littoraux et de ponts terrestres entre les continents et les anciennes îles.

En Afrique, cependant, il n’y avait aucune glaciation continentale, même près de la pointe la plus méridionale de l’Afrique, juste des fluctuations modérées du climat, mais il y avait de la sécheresse. Le mouvement d’air froid et les glaciers qui descendaient du nord ont forcé les européens et les asiatiques de l’Ouest à migrer plus au sud (avec des migrations moins sévères en Asie de l’Est), ce qui a sans aucun doute créé des conflits avec les humains déjà présent.

La population eurasienne a diminué drastiquement; la pression de sélection sévère, les eurasiens qui étaient mieux adaptées au froid ont moins migré, et ont moins subi de pertes, et ont transmis leurs allèles pour les traits adaptatifs au froid. Lorsque les températures plus chaudes reviennent, les glaciers ont fondu et le niveau des mers a augmenté. Le détroit de Béring a de nouveau séparé l’Amérique du Nord et l’Asie. Les littoraux et les zones basses ont été inondées, dissimulant les preuves que l’homme a vécu là-bas, et les terres plus élevées sont redevenues des îles isolées. Les eurasiens ont suivi la fonte des glaces au nord, leur population a augmenté en nombre une fois encore, et ils ont re-colonisé l’Eurasie.

La seconde âge de glace s’est produite entre 30 000 et 12 000 ans BP. Elle a été plus sévère, certes, mais elle avait moins d’effet sur l’évolution physique de l’homme, car depuis ce temps l’homme avait culturellement évolué (ex, vêtements, abris construits) et il a été plus apte à faire face aux froid. Le niveau des mers a chuté à nouveau, à 130 mètres (427 pieds) plus bas qu’aujourd’hui, donnant aux eurasiens un accès facile vers l’Amérique du Nord, l’Australie, le Japon, et l’Afrique. La Manche était une terre sèche et l’on pouvait voyager de la France jusqu’en Angleterre et en Irlande.
Bien que les deux âges glaciaires ont fortement réduit les populations eurasiennes, lorsque les températures ont augmenté à nouveau, les populations ont considérablement élargi, et l’avènement de l’agriculture, il y a environ 12 000 ans, a permis une expansion encore plus grande de la population.

La sélection sexuelle est le deuxième sélecteur le plus puissant pour les humains. Les sexes ne s’accouplant pas aveuglément, ils choisissent des personnes qui possèdent certains traits. Parce que les populations plus orientées “K” (moins d’enfants, plus de soins) renforcent les liens de couples et la monogamie (pair-bonding), elles ont plus d’exigence sur les partenaires de couples, et donc, plus de sélection sexuelle que les populations orientées “r” (plus d’enfants, moins de soins).
Bien que les deux sexes font chacun leurs choix, surtout dans les temps modernes, si les deux sexes sont libres de procéder à une sélection, c’est le sexe qui a le plus à perdre, par un mauvais choix, qui sélectionnera le plus prudemment. Autrefois, ce fut habituellement les femmes [10]. Les femmes avaient besoin de nourriture, pour elles-mêmes et leur enfants; ainsi, l’équilibre entre la sélection masculine et féminine se déplace en fonction de la quantité de nourriture et autres ressources que chaque sexe peut fournir.
En Afrique, les femmes (même aujourd’hui encore) cultivent et cueillent de la nourriture, donc elles ont plus de pouvoir de sélection [11].

“The traditional Zulu does not make physical beauty a first priority or even an important qualification in a wife…” (Vilakazi, 1962, p. 59).

Mais dans les climats plus froids, la nourriture était plus souvent de la viande, surtout en hiver, et ce sont les hommes qui chassaient, déplaçant une certaine puissance de sélection en faveur des hommes (Miller, 1994).

En conséquence de la sélection par les hommes, les femmes eurasiennes sont devenues plus belles, et en conséquence de la sélection par les femmes, les hommes eurasiens sont devenus des bourreaux de travail et légèrement plus intelligents que les femmes eurasiennes (car cela signifiait qu’ils pouvaient ramener plus de nourriture).
Les femmes africaines seraient devenues un peu plus intelligentes que les hommes africains (ou du moins, l’écart d’intelligence entre les sexes chez les africains est moindre que l’écart entre les sexes chez les eurasiens) qui, eux, sont devenus sexuellement plus attrayants [13].

… wives tend to be chosen for their ability to work outdoors, especially in the sun, and less weight is given to other criteria, like physical beauty. This is true in most agricultural societies of sub-Saharan Africa and in New Guinea.” (Frost, 2005)

Alors le sexe en Afrique a fait évoluer tout un tas de traits superflus, des traits inutiles pour l’obtention de nourriture, s’évader des prédateurs, et ainsi de suite. Chez les oiseaux, c’est presque toujours le mâle qui a des traits superflus, puisque le mâle a souvent un plumage brillant et coloré et de beaux chants qui attirent à la fois les femmes et les prédateurs, les traits superflus suggèrent aux femelles que les mâles doivent être de très haute qualité pour être en mesure d’exhiber une telle apparence et ne pas être mangé. Lire aussi, Jared Diamond, Race Without Color.

Une femme peut se permettre de choisir un homme susceptible de la quitter après la copulation, un “cad”, si cela ne diminue pas son succès de reproduction, ni ses chances de survie. Les beaux et charmants “cads” auront alors plus de descendants et vont transmettre leurs allèles “cad-like behavior” à leurs fils. En Europe et en Asie, les conditions étaient si sévères que les femmes ne pouvaient pas se permettre de choisir l’amant beau et bon-à-rien au détriment de l’amant intelligent et bon-à-tout-faire (mais aujourd’hui, les femmes pauvres et peu intelligentes peuvent se le permettre, grâce à l’Etat-Providence).

Un homme peut féconder plusieurs femmes et peut avoir plus d’enfants que ne le pourrait une femme, alors un homme à succès reproductif peut avoir un effet plus important sur les traits des générations futures que ne le pourrait une femme à succès reproductif. Même si un homme peut violer une femme, éliminant ainsi toute sélection de sa part, dans la plupart des sociétés le viol n’est pas une bonne stratégie de reproduction à cause des sanctions pénales ou de l’avortement (la femme peut aussi ne pas prendre soin de l’enfant).
Mais pour un homme ayant un faible statut social et peu de ressources, le viol vaut peut-être le risque. Plus une société est polygame, plus il y aura d’hommes qui ne pourront pas trouver une femme (mais dans nos sociétés modernes, il faut aussi tenir compte des prisons qui retirent des hommes de la circulation). Une autre stratégie consiste à payer pour le sexe (prostitution) ou d’entamer une courtise mensongère.

Si le sexe coûte à l’homme une simple éjaculation, il ne sera pas très sélectif. Mais s’il lui coûte toute une existence pour soutenir une femme et ses enfants, cela va le dissuader d’avoir des relations sexuelles avec d’autres femmes, et il choisira plus soigneusement.

With the courts favoring women much more than they used to (“Why get married? Just find a woman who hates you and give her your house.”), the cost to a man has increased, perhaps discouraging marriage.

Dans la mesure où les hommes les plus capables sont sélectionnés par les femmes, et que les hommes ne peuvent pas forcément supporter une femme supplémentaire, ils sélectionneront une seule femme, celle dont ils pensent qu’elle fera une bonne épouse et une bonne mère. Si les hommes ne sélectionnent pas, les enfants sont moins susceptibles de survivre, et les hommes qui n’ont pas les allèles qui codent pour cette sélection rigoureuse seront remplacés par les hommes qui les ont.

Une bonne épouse doit être en bonne santé, fidèle, agréable, savoir donner des soins, être jeune (car plus fertile). Autrement dit, avoir de bons gènes.

Fifty-six cell divisions are required to go from a human egg to an adult and good genes are required to accomplish that with a minimum number of errors. (Schwartz, 1999).

Les bons gènes sont reflétés par un visage et un corps parfaitement symétriques (non déformés ou ravagés par la maladie), l’attraction physique est un bon indicateur de santé et de la qualité des gènes. Les femmes sont plus néoténiques que les hommes car les hommes sélectionnent la jeunesse des femmes. La peau claire est associée à la jeunesse (et à la beauté), la peau sombre est associée à la masculinité.

In one study, the skin of white women was 15.2% lighter than the skin of white males, and the skin of black women 11.1% lighter than the skin of black men. (Bauman, 2004).

Beautiful people have more female children. (Kanazawa, 2007). Why ? Because people who carry alleles for both beauty and more female children have greater reproductive success than people who carry alleles for only beauty or only more female children. Women pass on their beauty to their daughters, but men don’t pass on their good looks to their sons. Why ? Because women select men more for traits other than good looks. (Cornwell, 2008).

Un “animal de groupe” est une espèce dont les membres vivent en groupe, coopérant généralement pour obtenir de la nourriture. Le comportement de groupe est encore profondément ancré dans nos gènes et nous le voyons aujourd’hui, avec quelle facilité nous formons des groupes et combien il est important pour nous d’être accepté par les autres dans notre groupe. L’allégeance à un groupe surgit parce que les individus qui ont agi de concert avec leurs collègues pour leur bénéfice mutuel, en particulier dans les conflits avec autrui, avaient plus de succès reproducteur que ceux qui ne l’ont pas fait.

Pour un animal de groupe, et surtout pour les hommes, un statut élevé au sein du groupe est le trait le plus utile, puisque ce sont les individus à statut social élevé qui s’accouplent le plus. L’importance du statut est évident compte tenu de la quantité d’argent que nous dépensons sur les vêtements, les voitures, les maisons, pour généralement suivre nos voisins. L’expulsion du groupe (liée à un faible statut) est le plus redouté.

Puisque les animaux du groupe se reproduisent plus entre eux qu’avec des étrangers [29], ils sont plus étroitement liés les uns aux autres et partagent de nombreux d’allèles et traits identiques. Cette consanguinité augmente la cohésion du groupe, et rend également le groupe génétiquement différent des autres groupes; si un groupe est mieux adapté, ses membres auront plus de succès de reproduction que les membres des autres groupes.
Même si un groupe peut donc être sélectionné, ce sont les individus qui se reproduisent biologiquement, et non les groupes, et ce sont les individus au sein du groupe positivement sélectionné qui ont un plus grand succès de reproduction, en transmettant les traits qui ont permis à leur groupe d’être sélectionné.

Même si un membre ne se reproduit pas par lui-même, depuis qu’il est plus apparenté à ceux de son groupe qu’à des étrangers, et les membres de son groupe portent donc plus de ses allèles que n’en portent les étrangers, il accomplit néanmoins le succès de reproduction parce que ceux de son groupe transmettent plusieurs des mêmes allèles que celui-ci aurait transmis.

Un groupe ayant plus de succès de reproduction va croître (en nombre) et se diviser en deux groupes plus fréquemment que ne le feraient les autres groupes, un procédé quelque peu analogue à la reproduction asexuée. Les individus au sein d’un groupe sont autorisés à rester dans le groupe pourvu qu’on puisse compter sur eux pour apporter une contribution nette au succès de reproduction de ces individus au sein du groupe qui produisent la prochaine génération. La probabilité qu’un mâle parvient au succès reproductif après qu’il soit forcé à quitter le groupe est faible, alors les hommes à faible statut font de leur mieux pour ne pas mettre en colère le leader. En expulsant un membre, les membres restants altèrent le patrimoine génétique du groupe, et lorsque des groupes entrent en compétition contre d’autres groupes de la même espèce, ces autres groupes deviennent une partie de l’environnement qui sélectionne si un groupe est fructueux, ou non [31].

Si les allèles d’un individu le pousse à agir uniquement pour son propre succès reproducteur, même quand cela est préjudiciable au succès reproducteur de son groupe, et ces allèles se propageant dans son groupe, son groupe et sa propre lignée vont finalement s’éteindre. Le résultat est que chaque individu dans un groupe portera quelques “allèles altruistes” qui codent pour des comportements qui augmentent la valeur sélective (“fitness”) du groupe, même si ce comportement réduit sa valeur sélective individuelle, tels que des allèles pour s’en remettre au leader, pour la reproduction et pour le soin des progénitures du leader.

L’homme et les autres animaux de groupes ont la capacité innée d’éprouver des émotions de contrôle social, comme la culpabilité, la honte, l’embarras, la dépression, et le remords, en réponse à des communications provenant des autres qu’ils approuvent ou désapprouvent leur comportement. Ces émotions de contrôle social sont nuisibles à l’individu, mais essentielle pour le bon fonctionnement du groupe.
Les individus détectent rapidement le sens des expressions faciales et autres signes de désapprobation, et finissent généralement par suivre les règles pour éviter d’avoir à endurer des émotions désagréables.

Guilt is self-punishment for not following the group’s rules and shame induces submission to those rules. See various papers by Robert Trivers. Both are genetically-predisposed emotions. Sociopaths do not feel these emotions, because they lack alleles for them or those alleles have been turned off.

Les règles intra-groupe n’ont pas besoin d’être les mêmes pour différents groupes, et le comportement qui produit une émotion de contrôle social dévastatrice chez un individu dans un groupe peut ne créer aucune émotion ou même l’émotion opposée chez un individu d’un groupe différent. La culture du groupe (ie, l’information qui n’est pas héritée) programme et active ces émotions, induisant à un individu de modifier son comportement afin qu’il bénéficie à d’autres gens dans son groupe, même si cela peut réduire sa valeur sélective personnelle. Néanmoins, il accepte et défend (souvent avec véhémence) la culture de son groupe car une attaque contre sa culture menace son acceptation en tant que membre du groupe.

Si des règles culturelles particulières permettent à une population de mieux rivaliser avec d’autres populations, alors les individus de cette population ne ressentant ni culpabilité, ni honte, ni remords quand ils brisent ces règles (ex, les sociopathes) seront éliminés de cette population, et les seules personnes qui restent dans cette population seront ceux qui héritent de la propension à ressentir les émotions qui les incitent à suivre les règles. Puisque la survie dans le froid du nord reposait plus sur ces règles que dans les tropiques, les populations du nord devraient avoir plus de ces émotions de contrôle social. Il existe effectivement des preuves que les africains sont moins “contrôlés” par ce genre d’émotions. (Inductivist, “Racial differences in antisocial personality disorder”)

Race and Psychopathic Personality (American Renaissance magazine)

Lack of honesty is one of the core features of the psychopathic personality, and one measure of this characteristic is the default rates on student loans. About half of American college students take out loans but not all graduates repay them. The 1987 National Postsecondary Student Aid Study consisting of 6,338 cases reports default rates as follows: whites — 5 percent, Hispanics — 20 percent, American Indians — 45 percent, blacks — 55 percent.

Bad credit ratings also reflect a failure to honor financial obligations. A report by Freddie Mac of 12,000 households in 1999 found the highest percentage of poor credit ratings was among blacks (48 percent). The next highest was among Hispanics (34 percent), while whites had the lowest at 27 percent.

Psychopaths appear to enjoy taking risks because it stimulates them, and there are several ways in which blacks show greater recklessness and risk taking than whites or Asians. In the 1989-93 American Teenage Attitudes and Practices Survey, 9,135 youths aged 12 to 18 were asked to consider the question: “I get a kick out of doing things every now and then that are a little risky or dangerous.” Fifty-six point nine percent of blacks agreed, as compared with 38.6 percent of whites. Driving habits are an index of risk taking and recklessness. A number of studies have shown that blacks run red lights more often than whites, and have more frequent accidents. Five studies have shown that blacks do not use seat belts as often as whites. Hispanics and Native Americans likewise have more accidents caused by recklessness and risk-taking than whites and East Asians.

Chapitre 6 – Neoteny

Biologiquement, un organisme devient sexuellement mature quand il est capable de se reproduire. Et il devient physiquement mature quand il atteint sa forme adulte. La vitesse à laquelle un organisme atteint la maturité physique et la vitesse de maturité sexuelle sont indépendamment contrôlées par différents gènes [1].
Une population peut évoluer de sorte que les individus mûrissent physiquement plus rapidement ou plus lentement, tout en maintenant constant leur taux de maturation sexuelle, ou elle peut évoluer de sorte que les individus mûrissent sexuellement plus rapidement ou plus lentement, tout en maintenant constant leur taux de maturation physique, ou les deux peuvent changer.

Une population peut évoluer de sorte que les individus gardent un aspect enfantin dans leur forme adulte (“paedomorphism”), de deux manières. Elle peut évoluer pour accélérer la maturation physique et sexuelle afin que les individus deviennent physiquement et sexuellement matures alors qu’ils sont encore nourrissons (“progenèse”, exemple, les tritons), ou elle peut évoluer pour ralentir ou arrêter la maturation physique, de sorte que l’âge de maturation sexuelle reste à peu près la même, mais les individus sont “childlike” quand ils atteignent la maturité sexuelle. C’est la néoténie.

La néoténie se réfère à un changement contrôlé par les gènes dans la façon dont les individus mûrissent, où ils mûrissent sexuellement à une vitesse plus ou moins normale, mais bien que le corps croît en taille à mesure qu’ils deviennent sexuellement matures, leurs caractéristiques juvéniles (et celles de leurs ancêtres) sont conservées dans l’âge adulte et ne sont pas remplacées par des caractéristiques adultes nettement différentes.

L’humain est le plus néoténique de tous les primates, tellement néoténique qu’il a été décrit comme un “fœtus sexuellement mature”. Sur la Figure 6-1, le visage plus humain du bébé chimpanzé est plus plat, alors que l’adulte a une mâchoire projetée vers l’avant. L’absence de cette mâchoire menaçante chez le bébé le fait apparaître comme inoffensif et suscite des émotions attentionnées.

Beaucoup de nos traits néoténiques furent vitaux pour notre évolution. Comme chez la plupart des foetus de mammifères, incluant les humains, le trou occipital (l’orifice par lequel la moelle épinière sort du crâne) est plus dans le centre de la base du crâne. À mesure que les animaux quadrupèdes mûrissent, il se déplace vers l’arrière, mais chez les humains, qui sont bipèdes, il reste dans sa position infantile (donc les yeux sont dirigés perpendiculairement à la colonne vertébrale).
Chez les embryons de mammifères, l’ouverture vaginale se situe plus en avant, et le demeure encore chez les femelles humaines adultes (pour les rapports sexuels “front-to-front”) et ne se déplace pas vers l’arrière (pour les rapports sexuels “front-to-back”), comme chez d’autres mammifères.

Notre gros orteil reste parallèle à nos autres orteils (pour la marche) et ne tourne pas à un angle de 90° par rapport aux autres orteils (pour la préhension), comme chez les grands singes. Les traits néoténiques de l’homme comprennent également un squelette plus gracile (moins robuste), un crâne plus grand (en proportion de la taille du corps), plus rond et plus sphérique avec amincissement des os, un visage plat avec une mâchoire moins protubérante, moins prognathe, et de plus petites dents, peu de poils, mais aussi de plus petits bras, jambes, doigts et pieds, et enfin plus de graisse sous la peau, tous les traits trouvés chez les bébés primates.

Les yeux écartés sont également dits être néoténiques, et la peau ‘couleur chair’ peut-être aussi. Les nouveau-nés de parents à peau foncée (ex, les africains, les chimpanzés) ont une peau plus claire qui s’assombrit à mesure qu’ils mûrissent [8]. Les cheveux des nouveau-nés sont également plus raides, même pour les bébés africains, et les fœtus ont un epicanthicus, un repli de la peau qui recouvre partiellement (et protège) les yeux.

La sclérotique blanche (globe oculaire) peut être néoténique puisque la plupart des animaux ont la sclérotique qui noircit avec l’âge, alors que les humains conservent la sclérotique blanche toute leur vie. Avant que l’homme ne devienne néoténique, les individus différaient légèrement dans la façon dont ils étaient néoténiques, tout comme ils diffèrent dans presque tous les traits, et l’homme serait toujours resté non-néoténique, mais alors que son environnement change, les individus plus néoténiques avaient plus de succès de reproduction que ceux qui n’avaient pas les allèles pour la néoténie, et la population entière est devenue plus néoténique.

Une question mérite d’être posée : quels changements environnementaux auraient rendu les traits néoténiques plus avantageux ? Une mâchoire plus petite, moins protubérante et moins robuste (plus petits os et muscles) serait un inconvénient pour les combats. Mais si l’homme avait suffisamment progressé pour développer des outils et des armes, ces traits seraient un gaspillage d’énergie et de ressources du corps, et réduiraient la vitesse et l’agilité.

En proportion de la taille du corps, les bébés ont un cerveau plus volumineux que les adultes et les adultes plus néoténiques ont généralement un plus gros cerveau que les adultes moins néoténiques.

At birth, a baby’s brain is 24% of its adult weight, while its body is only 5% of its adult weight (Coon, 1962, p. 78).

La corrélation entre taille du cerveau et intelligence reste modeste mais non négligeable, de 0.4, correspondant à la moyenne calculée de 28 études utilisant des techniques d’imagerie cérébrale (MRI, CT). Il est donc possible que si le changement environnemental sélectionne une forte intelligence, alors les individus néoténiques ayant un plus gros cerveau et une plus forte intelligence seraient positivement sélectionnés.

Si une population a migré depuis les tropiques, où il y a peu de changements saisonniers, vers le nord où il y a quatre saisons bien distinctes, incluant un hiver long et froid, alors, l’intelligence serait un atout en matière de planification pour l’hiver et l’approvisionnement alimentaire.

Des petits cerveaux restent, pourtant, toujours capables d’approvisionner pour l’hiver; les écureuils le font tout le temps et leur cerveau (en proportion de la taille du corps) est beaucoup plus petit que celui l’homme. Par ailleurs, le cerveau est l’organe le plus coûteux du corps, car il demande plus d’énergie (par unité de poids) que tout autre organe. Un cerveau adulte représente environ 2% ou 3% du poids du corps, mais utilise 20% de l’énergie du corps (9% pour le chimpanzé) et le cerveau du nouveau-né consomme 75% des besoins d’énergie quotidienne d’un nourrisson. Un plus gros cerveau peut aider à résoudre plus de problèmes, mais c’est un poids supplémentaire à transporter qui nécessite de la nourriture supplémentaire pour garantir son fonctionnement.

Les bébés, exceptés dans les tropiques, doivent être gardés au chaud pour éviter la mort par hypothermie. En raison de leur petite taille (ratio élevé de la surface par rapport à la masse) ils ont besoin de conserver la chaleur et de minimiser la combustion des calories. Ils ont de nombreux traits (utiles aux adultes ayant migré vers le nord) pour cela, dont l’un est le tissu adipeux du bébé. Les bébés ont cette ‘graisse’ supplémentaire sous leur peau uniformément répartie sur leur corps qui stocke l’énergie pour leur cerveau à croissance rapide, offre une certaine protection contre les coups et chocs, et les maintient au chaud.

D’autres traits néoténiques utiles dans les climats plus froids incluent un épicanthus et des traits qui réduisent la superficie [18], par exemple, un visage plat, des petites mains et des petits pieds, un tronc épais, qui sont toutes des caractéristiques des populations d’Asie du Nord. Les personnes les plus néoténiques de la planète sont les asiatiques de l’Est, et parmi eux, les coréens (qui ont le plus de graisse sous-cutanée) sont les plus néoténiques, suivis de près par les chinois Han et les autres mongoloïdes.
Comme les bébés, les asiatiques ont une tête ronde avec un visage plat joufflu, un petit nez, des bras courts et des jambes courtes, très peu de pilosité, et une graisse supplémentaire uniformément répartie sur tout leur corps. Leur épicanthus et leurs plus petites orbites protègent leurs yeux contre le froid. Comparés aux asiatiques, les blancs sont un petit peu moins néoténiques. Ils ont une tête plus longue, des membres plus longs, la graisse sous leur peau est répartie moins uniformément, et elle s’accumule dans des bourrelets disgracieux autour de l’abdomen, des hanches et des cuisses. Quant aux africains, ils sont (et de très loin) les moins néoténiques.

Chapitre 7 – Genetic Distance

Les populations reproductivement isolées (car séparés géographiquement) deviennent progressivement génétiquement différents, principalement parce que les sélecteurs dans les environnements différents (ou les pressions de sélection de ces sélecteurs) sont différents.
Si une partie d’une population se déplace vers un autre territoire, ou se trouve isolée du reste de la population à cause de la montée des eaux, de la formation des glaciers et des déserts (etc…), alors cette population isolée est susceptible de devenir génétiquement différente. On appelle cela l’Effet Fondateur. Des mutations aléatoires peuvent également survenir dans une population alors qu’elles n’apparaissent pas dans une autre population, ou seulement l’une des populations peut avoir croisé avec une troisième population.

Pour déterminer la distance génétique entre deux individus, le nombre d’allèles qui diffère entre eux peut être compté [1]; pour les populations, le nombre de personnes dans chaque population ayant un allèle particulier est compté (en utilisant un grand nombre d’allèles pour augmenter la précision), et les résultats sont exprimés mathématiquement.
Si l’autre personne est votre jumeau identique, tous vos allèles et ceux de votre jumeau seront les mêmes, et la distance génétique entre vous deux sera de zéro [3]. Si l’autre personne est votre enfant, la moitié (au moins) sera la même; si son autre parent a quelques-uns des mêmes allèles que vous, plus de la moitié sera la même. Si un accouplement est incestueux, le nombre d’allèles de l’enfant identiques à ceux d’un parent serait plus élevé que si les parents étaient non-apparentés.
Le nombre d’allèles en commun est plus faible entre cousins, et il est encore plus faible pour les gens de notre ethnie et notre race, et il est encore inférieur pour les gens de différentes races, et pour les différentes espèces, il continue à diminuer à mesure que l’âge du dernier ancêtre commun (LCA) entre les humains et les autres espèces augmente.
Durant les derniers 60 000 ans, la distance génétique entre les races a augmenté à cause de leur évolution plus rapide dans les différentes directions (Hawks, 2007; Barreiro, 2008).

La distance génétique (la “variance”, Fst) entre les personnes et les populations peut être calculée à partir de l’échantillonnage d’ADN. En recueillant des échantillons d’ADN des individus à travers le monde et en comptant les SNPs, les scientifiques ont déterminé les distances génétiques entre les différentes populations, ethnies, races et espèces. Ces deux graphiques, de Cavalli-Sforza, parlent pour eux-mêmes.

Le graphique ci-dessus montre que parmi les 3 grandes races, les africains sub-sahariens et tous les autres sont les plus non-apparentés, et les eurasiens du nord et les asiatiques du sud-est sont les deuxièmes plus non-apparentés. À noter que ‘Caucasoid’ inclut les nord-africains (ex, autour de la Méditerranée), les asiatiques de l’Ouest (Moyen Orient), et les indiens (Inde). À noter également que les nord-est asiatiques et les amérindiens sont plus étroitement liés aux caucasiens qu’ils ne sont avec les asiatiques du Sud-Est.

Le graphique ci-dessus dispose 42 populations humaines le long de deux axes qui mesurent les différences entre les deux sections très variable d’ADNmt. Les africains sont sur un côté des deux axes PC alors que tous les autres sont de l’autre côté parce que les africains diffèrent génétiquement le plus de tous les autres. Si le centre de la courbe est relativement vide, c’est parce que ces populations sont devenues de plus en plus génétiquement différents, sur leur chemin pour devenir des espèces différentes, même si elles étaient autrefois une seule population.

The genetic difference between Africans and Europeans is so distinct that the proportion of European admixture in African Americans can be determined with a margin of error of only 0.02. (Destro-Bisol, 1999).

La Figure 7-5 est une carte tirée de la même œuvre qui montre des populations regroupées en fonction de la similarité génétique. Elle montre clairement que les gens génétiquement similaires occupent la même zone géographique, ce qui était à prévoir, puisque les gens dans une même zone géographique font face aux mêmes sélecteurs et partagent les mêmes allèles en raison des croisements.

La Figure 7-6, ci-dessus, de Witherspoon et al., compare la distance génétique (chiffres en bas) entre les populations africaines (bleu sur A et B, et vert sur C) et européennes (rouge sur A et B, et jaune sur C). Le graph A compare les africains individuels aux européens individuels, le graph B compare chaque individu au centroïde de sa population, le graph C compare les allèles communs en Afrique et les allèles communs en Europe. Les lignes verticales noires (en haut) sont les moyennes et les lignes horizontales noires (en haut) sont les écarts-types. Lorsque l’on compare, sur le graph C, les allèles communs en Afrique et les allèles communs en Europe, les deux populations peuvent être complètement séparées. Les moyennes sont plus éloignées et les distances génétiques sont plus grandes dans le graph C. Dans les graphs A et B les moyennes sont plus rapprochées, les distances génétiques sont plus petites, et il y a plus de chevauchement, car beaucoup moins d’allèles uniques à ces populations sont utilisés dans la comparaison.

La Table 7-1 donne la distance génétique (en utilisant la méthode de calcul Fst) entre quelques populations sélectionnées en pourcent (multiplié par 10 000), par exemple, Bantu-australien aborigène Fst = 0,3272%. Sur le tableau, cela donne 3272.
On remarquera, que des africains, les Bantous et les San, qui vivent en Afrique du Sud, sont génétiquement proches. Les africains de l’Est, qui vivent dans la Corne de l’Afrique, par où les eurasiens sont entrés en Afrique, sont plus proches des non-africains que de tout autre africains, et sont la population la plus génétiquement éloignée des autres africains. À noter également que les personnes les plus non-liées sont les bantous et les aborigènes australiens.
Pour la plupart des asiatiques, et un grand pourcentage (mais moins de la moitié) de blancs européens, un enfant mulâtre avec un(e) africain(e) bantou(e) serait moins étroitement apparenté à eux qu’un enfant choisi au hasard dans leur propre race. C’est parce que les eurasiens ont croisé entre eux pendant au moins plusieurs dizaines de milliers d’années. Moins il y a de distance génétique entre les populations, et le plus récemment ils étaient une seule population, et le plus récemment elles se croisèrent.

In fact, people tend to choose mates who look like their parent of the opposite sex, thereby ensuring that their children will have more of their alleles and that favorable traits will be passed on to their own children.
(Sexual imprinting in human mate choice).

Quelques extraits du document :

Our results could also be explained as a result of a familiarization effect; people generally respond positively to familiar stimuli. In this case, mother and father alike should influence their offspring’s homogamous mating, and people would be attracted to faces with some characteristics of both parents. However, because no resemblance was revealed between husband and the adoptive same-sex parent, that rival hypothesis was rejected.

There is some evidence that people are able to recognize relatives who share similar facial or olfactory features. A study found that mothers who had limited contact with their newborns immediately after birth could recognize them by olfactory cues alone (Porter 1987). […] Recently, Weisfeld et al. (2003) found that participants were able to identify the odour of most of their first-degree relatives, but mothers could not recognize their stepchildren, nor could children recognize their stepsiblings.

A recent study has revealed that eye and hair colour were positively correlated between partners but the best predictor of the partner’s eye and hair colour was the opposite-sex parents’ colour traits (Little et al. 2002).

A recent study has shown that males react more favourably to children’s faces that have been morphed to resemble their own (Platek et al. 2002). These are the children whom males are most likely to adopt, and with whom they would like to spend the most time.

Le concept de distance génétique a été faussé par les égalitaristes. Clinton avait déclaré par exemple que nous étions, sans distinction de race, 99,9% identiques, et que le 0,1% restant produirait des différences triviales. Mais selon John Hawks : “un dixième de 1% de 3 milliards est un diable de grand nombre — 3 millions de différences de nucléotides entre deux génomes aléatoires”.

En vérité, le réarrangement des longues chaînes de l’ADN rend les différences de 2 à 5 fois plus grandes que le fameux “0,1%”. Les grandes chaînes de l’ADN subissent des duplications, délétions, et inversions, et cela peut-être encore plus important pour expliquer les différences raciales. Lorsque ces différences sont inclues, les gens peuvent différer génétiquement d’au moins 12%. [15]
À titre de comparaison, nous partageons 98,4% de nos gènes avec les chimpanzés, 95% avec des chiens, et 74% avec des nématodes. Seulement un chromosome détermine si quelqu’un est né mâle ou femelle. Il n’y a aucune différence perceptible dans l’ADN d’un loup et d’un labrador retriever. Ce qui est réellement significatif n’est pas le pourcent de gènes, mais quel gène diffère et comment ils sont assemblés. Un tout petit nombre de gènes peut se traduire par d’énormes différences fonctionnelles.
Bien que certains gènes codent pour des traits très spécifiques qui ne sont pas facilement détectés, d’autres gènes, comme les gènes Hox, peuvent activer ou désactiver de grandes collections de gènes et produire un effet immense sur les traits d’un individu (Discover Magazine, From Fin to Hand). [19]

Une autre distorsion souvent répétée dans les médias est le sophisme de Lewontin, dont j’ai déjà discuté. Lewontin a déclaré que “près de 85% de la diversité génétique de l’humanité se produit entre les individus au sein d’une seule population”, ce qui veut dire que les 15% se produit entre individus de différentes populations, et qu’en d’autre termes “deux individus sont différents parce qu’ils sont des individus, non parce qu’ils appartiennent à des races différentes” donc la classification raciale n’a pas lieu d’être. Ce sophisme consiste à dire que puisque Bob a les cheveux frisés, Frank a une mâchoire saillante, Garth a un nez large, Harvey a de petites oreilles, alors on ne peut pas identifier la race des gens sous prétexte que ces traits apparaissent occasionnellement chez toutes les races. Si Lewontin avait comparé les collections d’allèles entre individus, il aurait trouvé un autre résultat. Or, c’est la méthode utilisée pour classifier les races.

Unfortunately, Lewontin made a statistical error because he was comparing differences in the alleles of single genes instead of groups of genes that are unique to each race.

Chapitre 8 – Evolutionary Psychology

La prémisse qui est soutenue par l’évolution, la sélection, et les différences génétiques, c’est que les allèles (et donc les traits), qui ont été transmis et survivent dans les générations futures, sont ceux qui codent pour des traits de caractère qui l’aide à mettre ces allèles dans les générations futures. Mais, sommes-nous tentés de demander : est-ce que les individus sont capables de discerner la distance génétique entre eux et les autres, de reconnaître ceux qui portent plus des mêmes allèles qu’ils ont ? et est-ce qu’ils agissent en fonction de cette information pour servir leur propre succès reproducteur ? Autrement dit, est-ce que nos allèles influencent notre comportement pour nous faire privilégier nos propres allèles ?
La prémisse de la psychologie évolutionniste est que le comportement hérité, comme tous les traits hérités, est présent (sauf les anomalies) parce qu’il améliore le succès reproducteur.

Les gènes sont des unités de l’héritage, ce qui veut dire que nous ne transmettons pas nos traits – nous ne pouvons pas donner à nos enfants nos cheveux roux ou notre QI élevé. Ce que nous transmettons est une copie de l’un de nos deux plans, c’est à dire la moitié de nos chromosomes, nos régulateurs de gènes, et notre ADNmt si nous sommes des femmes.
Chacune de nos 23 paires de chromosomes contient les mêmes gènes que tout le monde possède, mais nous avons souvent des allèles de ces gènes qui ne sont pas identiques aux allèles que de nombreuses autres personnes possèdent. Une moitié des gènes du père (23 chromosomes) devient une partie de son spermatozoïde et une moitié des gènes de la mère (23 chromosomes) devient une partie de son ovule, et les chromosomes correspondants sont appariés de nouveau après la fécondation [4].
Puisque des portions de chromosomes sont mélangées pour former les 23 chromosomes de chaque spermatozoïde et de chaque ovule (“cross-over”), deux frères et sœurs, autres que des jumeaux identiques, pourraient, en théorie, recevoir des allèles complètement différents ou exactement les mêmes allèles, selon la chance au cours du crossover et si l’un des deux parents n’avait pas d’allèles que l’autre possédait ou s’il possède tous les mêmes allèles que l’autre possède (l’un ou l’autre est très peu probable).

Si les parents sont 100% hétérozygotes, leurs enfants recevront en moyenne la moitié des mêmes allèles, mais puisque les parents sont susceptibles d’avoir quelques allèles identiques, les frères et sœurs sont susceptibles d’avoir plus de la moitié de leurs allèles en commun [5]. Lorsque la copie du père et la copie de la mère s’apparient chez leur enfant, un seul allèle de chaque paire peut être exprimé, ou chaque allèle peut être partiellement exprimé. Mais les allèles qui ne sont pas là ne peuvent pas être exprimés : nous ne pouvons pas avoir un trait héritable à moins d’avoir les allèles particuliers qui code pour ce trait.
Et, même si notre enfant a les allèles pour un trait, à moins que quelques-uns de ses autres allèles le motivent et lui permettent de survivre et de se reproduire, l’ensemble des allèles dans son corps disparaîtra quand il mourra. Inversement, si l’enfant a les allèles qui le motivent et lui permettent de se reproduire, les allèles de chaque parent dans leur enfant ont au moins 50% de chances d’être transmis à la descendance de cet enfant (s’il reçoit le même allèle d’un gène de ses deux parents, un de ces deux allèles est sûr d’être transmis s’il a des progénitures).

Comme disait Samuel Butler, “une poule est un moyen pour un oeuf de produire un autre oeuf”, ce qui veut dire que l’homme est un moyen pour ses allèles de répandre plus de ses mêmes allèles, chez d’autres individus. Toute chose vivante doit être égoïste, dans la mesure où elle doit placer en priorité son propre succès reproducteur. Mais un ‘altruisme’ invoqué par les anti-racistes exige que nous contribuons à la reproduction de copies des allèles des ‘étrangers’ au détriment de notre propre succès reproducteur.

Une collection unique d’allèles dans un organisme “désintéressé” qui ne fait aucun effort pour parvenir au succès de reproduction ne dure qu’une seule génération. Un ovule fécondé contient un ensemble d’instructions qui, étant donné l’environnement approprié, fait qu’un autre ovule fécondé est fabriqué et contient une copie d’au moins la moitié de ces mêmes instructions. Mais les allèles ont une autre façon d’obtenir une copie d’eux-mêmes dans la prochaine génération d’oeufs, en plus de fabriquer l’œuf, ils sont actuellement en devenir une poule fertile qui fait plus d’oeufs.
Puisque les allèles sont des instructions écrites dans l’ADN, les animaux n’ont pas besoin de se reproduire de façon normale, en mettant des copies de leur ADN dans un oeuf, ils atteignent aussi le succès reproductif si l’ADN qui est mis dans l’œuf est identique à leur ADN, par exemple, en aidant les autres membres de leur espèce à mettre les mêmes instructions qu’ils ont dans les oeufs. Savoir “qui” met cet ADN dans l’oeuf n’a pas d’importance biologique car la prochaine génération est la même de toute façon.

À titre d’exemple, les abeilles ouvrières sont des femelles et elles ne se reproduisent pas, mais elles passent leur vie à aider la reine, leur mère, pour se reproduire. Les frères et sœurs qui en résultent portent, en moyenne, trois quarts des allèles des ouvrières [7]. Ainsi, lorsque les ouvrières meurent d’épuisement, sans jamais se reproduire, elles transmettent toujours la plupart de leurs allèles à la génération suivante à travers la fratrie qu’elles ont nourrie et soignée, dont n’importe laquelle peut être alimentée de gelée royale pour la transformer en une autre reine avec trois quarts de leurs allèles.

Une découverte au sujet de la parenté des allèles : si une population est isolée et ses membres se reproduisent entre eux, le degré de parenté entre eux peut augmenter aussi haut que ½, le même que celui entre parents et enfants ou entre frères et sœurs. Si ce maximum était atteint, les membres de ce groupe pourraient aider à transmettre leurs allèles uniques autant en aidant un autre membre de leur groupe qu’ils pourraient en aidant leur propre frère ou sœur. En effet, si un autre membre de leur groupe est mieux placé pour se reproduire (plus jeune, en meilleure santé, meilleurs traits), un membre pourrait augmenter son succès reproducteur plus en l’aidant, lui, qu’en aidant ses propres frères et sœurs. Toute personne a donc un intérêt génétique dans le bien-être de son propre groupe, et non celui d’un autre groupe.

Les allèles qui codent pour des comportements altruistes sont plus avantageux dans les populations où les individus sont capables d’identifier et d’aider ceux qui portent leurs allèles, où les proches ne se dispersent pas, où les individus diffèrent génétiquement dans leur apparence, leur odeur ou leur comportement (afin que ceux qui ont des traits similaires peuvent être identifiés), et où la monogamie réduit la promiscuité (afin que les hommes savent qui sont leurs enfants).

On pourrait s’attendre à ce que les populations du nord, orientées “K” et pratiquant le “pair bond”, soient donc plus altruistes, en admettant leur plus grande quantité optimale d’altruisme. Mais, comme pour tous les traits, l’altruisme n’est pas gratuit, puisqu’il implique le sacrifice d’autres traits; trop, ou trop peu, de ce trait risque de réduire le succès reproducteur.
Une population qui est reproductivement isolée, et par conséquent consanguine et moins diversifiée, aura une plus grande quantité optimale d’altruisme car la probabilité que d’autres portent les mêmes allèles est plus élevé. Si deux populations reproductivement isolées, la première avec beaucoup d’altruisme et la deuxième avec peu d’altruisme, sont entremêlées, elles continueront chacune à exprimer leurs différents degrés d’altruisme, la deuxième tirant parti de la générosité de la première.
C’est la situation que connaît actuellement les nations multiculturelles occidentales, où de plus en plus d’immigrants en provenance des climats chauds viennent s’installer en Occident.

L’altruisme est le plus couramment observé chez les animaux qui vivent en groupes consanguins, comme les humains, particulièrement s’ils s’occupent de leurs jeunes [12]. Nous faisons nos plus grands sacrifices pour nos enfants puisque (à moins d’avoir un jumeau identique) nos enfants ont plus de nos allèles que n’importe lequel de nos autres proches. Certes, nos parents peuvent porter à peu près le même nombre d’allèles que nos enfants, mais vu qu’ils sont âgés, ils sont peu susceptibles de se reproduire et d’être dans le besoin.

Votre enfant possède au moins la moitié de vos allèles, et si vous l’aidez à survivre, vous vous assurez à ce qu’au moins la moitié de vos allèles survivent. Plus nous sommes liés à une autre personne, et plus grand sera le nombre de nos allèles qu’elle est susceptible de porter, et plus notre sacrifice pour cette personne augmentera notre valeur sélective, notre probabilité de succès reproductif.
Aider une personne d’une autre ethnie réduira notre succès reproductif car la personne de même ethnie, qui partage nos allèles, devra mener une rude compétition avec la personne que nous aidons. Le métissage produit le même effet, puisque votre enfant métis peut porter moins de vos allèles qu’une personne avec qui il est en concurrence, et dans ce cas, votre valeur sélective aurait été plus grande si vous n’aviez pas engendré cet enfant.
Les allèles en commun, et par conséquent l’altruisme, diminuent avec la distance génétique. Si nous offrons souvent notre richesse à nos proches, approximativement dans l’ordre dans lequel ils sont génétiquement liés à nous, alors nous nous comportons comme ce qui était prévu : nos allèles influencent notre comportement pour nous faire privilégier nos propres allèles.

Si vous avez déjà été à un enterrement, vous aurez probablement remarqué que la douleur ressentie par les personnes endeuillées est proportionnelle au degré de parenté qu’elles ont avec la personne décédée. Les grands-parents sont plus endeuillés pour les enfants de leur fille que les enfants de leur fils, parce qu’ils ont plus de certitude d’être liés (Littlefield, 1986), étant donné qu’il n’est pas exclu que la femme de leur fils peut l’avoir fait cocu. Plus précisément, les résultats trouvés par Littlefield donnent l’ordre suivant : grand-mère maternelle -> grand-père maternel & grand-mère paternelle -> grand-père paternel.
Les jumeaux identiques sont plus endeuillés par la mort de leur cojumeau que ne le sont des jumeaux fraternels, car ces derniers partagent moins d’allèles (Rushton, 2005, page 497-498; Segal, 2002, Table 3). De façon générale, les gens pleurent davantage pour quelqu’un qui possède plus de ses allèles (ex, un enfant de la même race) car c’est une plus grande perte génétique.

Des personnes non liées vivant ensemble sont plus susceptibles de se tuer les uns les autres que ne le sont les personnes liées. Les enfants aux USA sont 50 fois plus susceptibles d’être maltraités ou tués par un parent si l’un des parents est un beau-parent (Schnitzer, 2005, page 5).

Nous nous soucions davantage de nos propres enfants que les enfants des étrangers, nous pratiquons le népotisme, et notre charité est plus grande lorsque nous la donnons à notre propre ethnie. Un homme aidera plus les enfants de sa soeur que les enfants de son frère car l’épouse de son frère a pu le tromper. Et pour la même raison, nous aidons plus les enfants de la soeur de notre mère que nos autres cousins (Jeon, 2007), et les grands-parents maternels sont plus disposés à se déplacer pour voir leurs petits-enfants que les grands-parents paternels (Pollet, 2007).

Comment savons-nous à quel point une autre personne est liée à nous ? Il existe deux méthodes qui peuvent être (et le sont) utilisées par les animaux. D’abord l’emplacement; s’il est dans votre nid, c’est probablement le vôtre. C’est pourquoi, lorsque les Vachers pondent leurs œufs dans les nids des autres espèces, les non-parents les nourrissent même quand les poussins Vachers en rapide croissance poussent leurs propres poussins sur le sol. Ensuite, les traits; plus une personne nous ressemble, sent comme nous, se comporte comme nous, et plus elle est susceptible d’avoir nos allèles.
Contrairement à la femme, l’homme ne sait pas avec certitude qui sont ses enfants, jusqu’à ce que l’analyse ADN arrive. C’est pourquoi les premiers mots qu’une nouvelle mère lance à son compagnon, “regarde comme il te ressemble”, tendent à le rassurer qu’il est bien le père, afin qu’il fasse les sacrifices nécessaires à la survie de l’enfant.

Les couples rapportent être plus heureux lorsque les conjoints sont similaires sur les traits les plus héritables que lorsque les conjoints sont similaires sur les traits moins héritables, les amis de frères et soeurs biologiques tendent à se ressembler les uns aux autres, alors que les amis de frères et soeurs adoptifs ne se ressemblent pas; une corrélation positive a été trouvée entre l’estimation de l’influence génétique sur les traits et le degré d’homogamie (Genetic Similarity Theory: A Reply to Mealey and New Evidence), et les similitudes entre conjoints sont plus fortes sur des caractéristiques plus héritables (ex, longueur du majeur, 80% héritable) que sur des caractéristiques moins héritables (ex, circonférence du bras supérieur, 50% héritable), des résultats qui ont été confirmés de nouveau par une étude sur des jumeaux MZ et DZ (Rushton & Bons, 2005). Extrait de Rushton & Bons :

… friends and spouses of MZ twins were more similar to each other than were those of DZ twins. MZ twins chose partners more similar to those of their co-twins than did DZ twins. Both correlational and model-fitting analyses showed that at least 10 to 30% of the variance in partner choice is due to genetic factors, at least 10% is due to shared environmental factors, and the remaining 60% is due to unique or chance environmental events. Correcting the figures for measurement error raised the genetic contribution to 34% and the common environmental component to 12% and reduced the chance factors to 54%.

Même les mariages mixtes confirment la règle, puisque les couples mixtes cherchent une compensation aux dissimilarités ethniques en choisissant des conjoints encore plus semblables à eux-mêmes sur d’autres caractéristiques (Ahern et al., 1981). De même, les gens disent faire davantage confiance à un étranger lorsque son visage a été morphé pour ressembler au leur que lorsque le visage est resté inchangé (DeBruine, 2002).

À l’origine, les nations étaient fondées sur la similarité génétique afin d’éviter les conflits internes et de promouvoir l’intérêt de l’ethnie. Dans un pays multi-ethnique, promouvoir son intérêt génétique conduira à des conflits ethniques dont la gravité sera proportionnelle à la distance génétique entre les ethnies. Dans le cas contraire, la population ‘hôte’ finira par disparaître.