QI, prédictif du racisme ?

Une récente étude menée par Hodson et Busseri fait beaucoup parler d’elle. Les auteurs affirment qu’un faible QI mesuré à l’enfance prédit le racisme (i.e., hostilité) à l’âge adulte. Mais l’interprétation faite par nombre d’internautes semble maladroite. Surtout que l’étude ne prouve pas qu’un faible QI augmente le racisme en soi, contrairement à ce que les auteurs prétendent.

L’idée centrale est la suivante : l’idéologie de droite est vecteur de racisme, mais un faible QI augmente la probabilité d’adopter une idéologie de droite. D’où la prédictibilité du QI sur le racisme (i.e., hostilité) est purement indirecte. Et pas pour les raisons que l’on peut lire ou entendre à travers la toile.

Le bon sens nous dit que les individus fort instruits sont plus susceptibles que les individus moins instruits d’avoir subi un profond lavage de cerveau par les institutions anti-racistes à travers l’éducation. Le bon sens nous dit aussi que les individus pauvres sont plus susceptibles d’avoir expérimenté la diversité à travers les ghettos : meurtres, vols, viols, agressions, etc. Les gens riches vivent plus souvent dans un quartier huppé que dans un quartier sensible. Ils ne vivent jamais tous ces problèmes au quotidien. La fréquence reportée des crimes chez les non-blancs est effectivement bien supérieure à la fréquence des crimes chez les blancs.

Or, la preuve indique que le QI et le statut social sont étroitement liés. Le premier conditionnant le second. Par conséquent, nous devrions nous attendre à ce que les gens à faible QI soient logiquement plus racistes. Les gens à fort QI n’auraient jamais fait l’expérience de la diversité. Et ceci, en plus d’avoir été conditionnés par les institutions anti-racistes à travers des années d’éducation.

Mais cette explication semble échouer au test empirique. En effet, les auteurs de l’étude avaient contrôlé le statut social. Et la relation persiste. Néanmoins, d’autres explications sont à soulever.

Comme le montre la Table 2, la presque totalité (entre 92% à 100%) de la corrélation négative entre QI et racisme est médiée par l’idéologie conservatrice, sur 3 des 4 analyses.
Keiller (2010) a fait valoir que la capacité de la pensée abstraite devrait faciliter la compréhension des autres personnes et le traitement mental complexe requis pour l’interprétation de l’information relativement nouvelle, inédite (à savoir, le type d’informations auquel on se heurte lors des contacts intergroupes). Adopter la perspective d’une autre personne exige un traitement, abstraction, et interprétation cognitifs avancés, en particulier lorsque la cible est un membre d’un exogroupe (out-group), et donc “différent”.
C’est pourquoi les individus à faible QI optent plus volontiers pour le maintien du statu quo, et sont plus attirés par une idéologie préconisant la cohésion et l’ordre, plutôt que la nouveauté.

L’étude de Keiller a examiné la relation entre QI et biais envers les homosexuels, avec une autre mesure de l’idéologie de droite, à savoir, l’autoritarisme de droite. En outre, l’étude a mesuré un médiateur potentiel supplémentaire de la relation entre QI et biais : le contact intergroupe. Des études expérimentales et longitudinales ont démontré qu’avoir plus de contact avec un membre “hors du groupe” (i.e., exogroupe) prédit un biais inférieur (Pettigrew & Tropp, 2006). Ces résultats ont distingué ce contact intergroupe comme un outil particulièrement précieux de réduction des biais (Hodson, 2011).

Puisque le contact intergroupe est cognitivement exigeant (Richeson et Shelton, 2003), il est susceptible d’être évité par les personnes à faible QI et susceptible d’être adopté par des individus à fort QI. La raison serait que les gens ayant un plus fort QI ont une meilleure capacité à adopter des attitudes nouvelles, des approches nouvelles, à traiter des idées nouvelles, un peu comme si les gens à fort QI affichaient une meilleure ouverture d’esprit, et cette ouverture d’esprit réduit les biais envers les membres d’un exogroupe. Mais cela revient surtout à dire que les gens intelligents sont plus susceptibles d’embrasser une idéologie nouvelle (exemple, l’idéologie anti-raciste) et, ce faisant, de se laisser volontiers endoctriner.

En outre, étant donné que le contact intergroupe prédit une attitude favorable à un exogroupe, indépendamment de l’idéologie personnelle (Hodson, Harry, & Mitchell, 2009), il est possible que de tels contacts uniques médiatisent la relation entre QI et biais, et que cette relation est indépendante des effets de médiation à travers l’idéologie de droite.

Les résultats (Figure 2) confirment chaque composante prédite par le modèle. La relation négative entre QI et biais envers les homosexuels a été considérablement réduite après inclusion des médiateurs dans le modèle. Un faible QI prédit également un plus fort autoritarisme de droite, qui à son tour prédit un plus grand biais envers les homosexuels.

La corrélation entre le faible QI et l’homophobie/racisme peut encore s’expliquer autrement. Le QI est positivement corrélé à la patience. L’impulsivité des gens à faible QI peut les amener à discriminer davantage les gens d’une autre race ainsi que les homosexuels.

De toute évidence, la nouvelle idéologie (l’anti-racisme) imposée aux sociétés occidentales a réussi à endoctriner les individus à fort QI dont l’esprit est plus malléable, mais pas les individus à faible QI.

La raison pour laquelle le QI ne prédit pas le racisme “per se” s’explique par le fait que les individus peu intelligents sont simplement réticents au changement. Si, comme les questionnaires indiquent, les individus à faible QI évitent le contact avec les étrangers, ce n’est pas qu’ils nourrissent de la haine envers les autres races, mais simplement parce que le multi-culturalisme implique énormément de changements, et des adaptations aux idées nouvelles (i.e. inhabituelles). Les individus à faible QI préconisent simplement le statu quo, et le multi-culturalisme est une menace au statu quo. Par conséquent, l’allégation selon laquelle le QI prédirait le racisme est fondamentalement viciée.

13 comments on “QI, prédictif du racisme ?

  1. Encore faut-il définir ce qu’on entend par racisme… non ?

    Est-ce la croyance suivant laquelle les races sont différentes ? Cela m’étonnerait que ce soit corrélé à une plus basse intelligence puisque c’est simplement la réalité !

    Comment définissent-ils une personne non-raciste ? C’est une personne qui considère qu’il n’y a aucune différence raciale en terme d’intelligence ? Là encore ça m’étonnerait puisque c’est une erreur ! Les hauts Q.I ont une meilleure acuité de jugement sur la réalité et sont plus à même de détecter les différences.

    Je connais des dizaines de prix Nobel racialistes… je n’en connais pas un seul qui ait un jour affirmé qu’il pensait que les races humaines étaient identiques ! Je pense que dans cette étude, ce qui manque c’est une définition du “racisme”. (Est-ce une attitude d’agression des autres races ? Cela est peut-être alors corrélé à un plus bas Q.I car les bas Q.I sont plus agressifs… mais le racisme n’est pas un synonyme de racialisme)

    Par ailleurs, les japonais sont parait-il très racistes, et ils ont un des plus hauts Q.I moyen mondial. (Mais encore une fois il faut définir ce qu’on entend par raciste… car les individus de gauche qui pratiquent la discrimination positive ne sont-ils pas racistes ? En ce sens qu’ils pratiquent une attitude différenciée suivant la race).

    J’ai une autre étude du Q.I moyen par idéologie politique qui donne les résultats suivants:

    Gauche: 97
    Centre-gauche: 98,5
    Centre: 100
    Centre-droit: 105
    Droite: 96
    BNP (brittish national party): 97

    L’article conclut qu’être centriste corrèle a une plus haute intelligence.

  2. Personnellement, je pense comme Lynn que le Flynn effect n’est pas un artéfact. Une meilleure nutrition a permit d’augmenter un peu notre intelligence, d’une dizaine de points sans doute, pas plus. Mais le Flynn effect a atteint ses limites et le Q.I moyen commence à diminuer dans de nombreux pays européens, conséquence de l’immigration dysgénique et de la fécondité interne dysgénique.

  3. Je croyais l’avoir pourtant bien précisé, mais je vais éditer mon message, pour insister dessus.
    Il est évident que les auteurs ne définissent pas le racisme en termes scientifiques, cela n’aurait pas de sens. Il définissent le racisme en termes d’opinion : “ça ne me dérange pas de travailler avec une personne d’une autre race” etc.

    Certes, les individus à fort QI ont une meilleure acuité de jugement, mais aussi un esprit malléable, et sont donc plus susceptibles d’adhérer aux idéologies nouvelles, se laissant endoctriner.

    Sur l’effet Flynn, je serais plus sévère que vous. Ce n’est pas qu’il a plafonné récemment, mais c’est qu’il n’a jamais existé, pour ainsi dire. Il ne se produit pas sur le facteur g, et il se manifeste seulement en fonction des sous-tests. Bref, l’effet Flynn n’est juste qu’un conte de fée. En outre, je note que dans l’ouvrage phare de Lynn “Race differences in Intelligence”, il donne l’exemple de plusieurs pays qui ont vu leur standard de vie augmenter, mais sans hausse de QI.

    http://www.vdare.com/articles/flynn-flips-iq-tests-do-matter

    Click to access using-item-response-theory-to-assess-the-flynn-effect-in-the-national-longitudinal-study-of-youth-79-children-and-young-adults-data.pdf

    Click to access the-rise-and-fall-of-the-flynn-effect-as-a-reason-to-expect-a-narrowing-of-the-black-white-iq-gap.pdf

    http://www.halfsigma.com/2008/11/flynn-effect-nonsense.html

    Click to access secular-declines-in-cognitive-test-scores-a-reversal-of-the-flynn-effect.pdf

    http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160289604000522

    P.S. Sinon, je serais intéressé par l’étude (sur le QI par idéologie politique) dont vous me parlez. Vous pouvez me filez un lien ?

    • babar John says:

      Sur l’effet Flynn, je serais plus sévère que vous. Ce n’est pas qu’il a plafonné récemment, mais c’est qu’il n’a jamais existé, pour ainsi dire. Il ne se produit pas sur le facteur g, et il se manifeste seulement en fonction des sous-tests. Bref, l’effet Flynn n’est juste qu’un conte de fée.

      Il n’a jamais existé? Qu’est-ce que cela signifie? Dans les faits, on observe effectivement que les gens maintenant réussissent mieux aux tests d’avant, et c’est simplement ça qu’on appelle l’effet Flynn, comment peut-on dire que cela n’existe pas?
      Quant à dire qu’il ne se produit pas sur le facteur g… Rushton affirme effectivement qu’il ne se produit pas sur le facteur g. Mais ce que j’ai pu lire sur le sujet, c’est simplement qu’il y a une corrélation négative entre le poids en G d’un test, et l’effet flynn observé sur ce test ( Je rappelle pour ceux qui ne le savent pas que le g est une mesure de la “corrélation” d’un test d’intelligence avec tous les autres. ). Cette corrélation négative n’est même pas énorme. Qu’on me détrompe si je dis une connerie, mais cela veut juste dire que l’effet Flynn est moindre sur le facteur g que sur les autres facteurs.
      Rushton dit que l’effet flynn ne s’applique pas sur le g, simplement en réponse à Flynn lui même qui disait que l’effet Flynn se produisait principalement sur le g. Je n’ai pu voir aucune preuve qui dirait que l’effet flynn était nul sur le facteur g.

    • “les gens maintenant réussissent mieux aux tests d’avant”

      J’ai écrit “en fonction des sous-tests” (faiblement chargés en g). Faut vous parler en quelle langue ?

      “Cette corrélation négative n’est même pas énorme. Qu’on me détrompe si je dis une connerie, mais cela veut juste dire que l’effet Flynn est moindre sur le facteur g que sur les autres facteurs.”

      Non. Ça veut dire que l’effet Flynn s’inverse lorsque “g” augmente. Si l’effet était nul sur “g”, la corrélation ne serait ni négative ni positive. Elle serait nulle.

      “Je n’ai pu voir aucune preuve qui dirait que l’effet flynn était nul sur le facteur g.”

      J’ai fourni des documents comme preuve à l’appui. Vous voulez que je vous prête mes lunettes ?
      En outre…

      Flynn never said real intelligence levels were rising.

      Si l’effet Flynn est une fonction des sous-tests et non de l’intelligence générale, alors l’effet Flynn est un mythe.

    • yoananda says:

      Les haut QI sont corrélés avec la patience vous avez dit ?

    • Tout à fait, un meilleur QI est associé à moins d’impulsivité. Repérez le lien dans mon article.

    • babar John says:

      Non. Ça veut dire que l’effet Flynn s’inverse lorsque “g” augmente. Si l’effet était nul sur “g”, la corrélation ne serait ni négative ni positive. Elle serait nulle.

      Tu as tout à fait raison. Mais ce que je voulais dire, c’est ” Qu’on me détrompe si je dis une connerie, mais cela veut juste dire que l’effet Flynn est moindre sur l’intelligence générale que sur les autres facteurs.”.
      Je n’aurais pas du dire “facteur g” à la place de “intelligence générale”. Je ne parlais pas du poids en g d’un test mais de l’intelligence générale d’un candidat qui passe le test.

  4. René de Sévérac says:

    Mon cher Meng,
    A plusieurs reprises, j’ai tenté de vous expliquer le sens et rôle de l’idéologie en général, à distinguer de la terminologie souvent employée pour caractériser l’ensemble une vision politique (comme on dit idéologie de gauche).

    Au sens marxiste (et pour faire vite) l’idéologie d’une société (idéologie dominante) est le filtre à travers lequel est vue le réel et Marx d’ajouter “l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante”.

    Revenons à nos moutons; “le racisme anti-noir a fortement décru pendant ces 60 dernières années”, ce fait n’a rien à voir avec le QI des individus de la société mais du “lavage de cerveau” (terme fort, mais vous me comprenez) que subit la société. Il faut dire que ces 60 années sont particulièrement marquées par une irruption énorme de la TV. Bref, je n’insiste pas.
    Cette discussion me rappelle votre billet sur “les enfants et la religion” sur lequel ma remarque montrait l’influence de l’idéologie sur les enfants qui est d’une efficacité redoutable. J’avais même fait valoir que les milieux populaires étaient perdus pour le Christianisme, ce à quoi vous m’avez demandé de “citer mes statistiques”, ce qui mit fin à la discussion.
    J’assiste à la seule messe dans une paroisse rurale et pauvre où nous sommes environ 200 chaque dimanche. Exceptionnellement, je vais chez mon fils au Vésinet (de population équivalente) où se tiennent trois messes dominicales avec une participation de 500 fidèles/messe.
    Je cite Le Vésinet, où je vais parfois, mais Saint Germain ou Versailles donnerait le même résultat.

  5. C’est bien ce que j’ai écrit : le recul du racisme n’a rien à voir avec le QI, mais avec la nouvelle idéologie émergeante. Le même phénomène sans doute qui explique le déclin de la religiosité au 20ème siècle. Il est possible que les personnes à fort QI adhérant le plus volontiers à l’idéologie anti-raciste sont ceux là même qui sont les plus susceptibles d’adhérer à l’athéisme actuel.

  6. Il faut savoir que ce n’est pas James Flynn qui a découvert le Flynn effect, il n’a fait que le documenter ! Flynn est un individu assez peu intelligent et ses livres sont vraiment dénués d’intérêt. (“What is intelligence” est vraiment insipide et aucune réflexion intéressante ne s’y trouve) C’est Lynn qui le premier a mis en évidence ce qui fut appelé le Flynn effect simplement parce que Flynn l’a amplement documenté.

    Par contre Lynn a découvert énormément de chose et a fait progresser considérablement la sociologie.

    -La théorie de la sélection par le froid.
    -Les Q.I moyens raciaux et l’explication évolutive remarquable dans race differences in intelligence.
    -L’explication du Flynn effect, parallèle à l’accroissement de la taille moyenne, conséquent d’une meilleure nutrition ayant augmenté également la taille du cerveau.
    -La résolution du paradoxe de la plus petite taille du cerveau des femmes en montrant qu’à l’âge adulte elles avaient 5,1 points de Q.I de moins que les hommes, exactement ce qui pouvait être prédit.
    -Les ouvrages remarquables the global bell curve, the chosen people…
    -La correlation entre Q.I et PIB par habitant dans ses livres I.Q and the wealth of nations et I.Q and global inequality

    Richard Lynn est l’homme le plus intéressant que j’ai pu lire dans ma vie. C’est vraiment un génie qui ne transige jamais avec l’idéologie.

    Flynn-Lynn, un F en moins, un cerveau en plus.

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